Je me reviens en empruntant tes derniers mots et je crève mes glandes au-dessus de ton visage, je me suspends comme un grand ciel incertain dont les oiseaux palpitent de finitude avant de disparaître.
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J'aime que mes doigts s'engourdissent au fond de tes roses tandis que je lèche la repousse de cendre qui essaime de la cime de ton sexe jusqu'aux lueurs équatoriales de la pierre que j'ai coulée au creux de ton nombril.
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Me voici aussi froide que l'écume qui noircit entre mes mots, je signe avec mes doigts trempés dans le jus de ciel. À proprement parler, je ne jouis pas, je suis jouie.
(Tu m'appartiens, ce qui signifie que tu t'écroules à l'autre bout de la terre et que je te lèche jusqu'à l'infection.)
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Il aime cette comptine de mon pied dans sa bouche: *Un gros orteiiil, un moins gros orteiiiil, un moyen orteiiil, un petit orteiiil et un... uuun...* Et tout ce que ses yeux démesurément agrandis semblent dire en cet instant, c'est: *existe! existe! existe!*
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À 64 ans, ma psy est demeurée une très belle femme. Elle porte les stigmates d'une gloire agrégée à de vénérables défaillances qui me font parfois la désirer. Elle le sait. (Sorcière, un jour, je ferai écumer ton cul sur le divan.)
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Je rive la colonne de mon corps sur ta bouche, je largue mes dernières bontés et tu passes la nuit entière à chercher ta langue dans la pieuvre dépecée de mon sexe.
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Après la réincarnation de ta queue au fond de ma gorge et de mon cul, je te réduirai sans reste à ces quelques billets que je vais flamber dans les boutiques en échange d'un infinitif qui fond sur moi entre deux saignées de silence.
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Résumé de ma nuit: le vieux porc encule la jeune pétasse qui me pénètre en se mordant les poignets. (Plus tard, j'écris à mon amoureuse, je lui reviens comme d'un séisme qui passe sous le graphique, je lèche en riant le mascara qui a coulé jusque dans la cavité de mon nombril, puis je disparais.)
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Sous-ministre: toi, ton souffle coupé, le pus que ta queue recrache à pulsation réduite. (Si tu savais comme je regarde ailleurs quand je donne la mort, comme je révise les théorèmes de mon épilepsie tandis que ta tête disloquée morve de plaisir entre mes cuisses.)
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Amoureuse d'une femme que je n'ai jamais rencontrée, je la lèche en rêve, je l'adore singulièrement et je mets tout de moi dans les télégrammes infernaux que je lui envoie quand je décloisonne les douze catégories de mon enfermement.
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Je lui appartiens si capitalement que sa langue est insérée comme une étoile permanente entre les feuillets de mon clitoris.
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Je ne confie de secret qu'à l'oreille que j'ai d'abord léchée. (Si la captivité de mes seins barbouille ton cerveau, tu peux encore jouir à sec dans les flammes de ma messagerie, passer mes poèmes au fil de ta carte de crédit et souffler le verre de mon amour jusqu'à ce que la nuit décharge dans ta bouche.)
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Exposée à des rafales de 80 km/h, je consens au viol des éléments. Il m'arrive aussi de rabattre l'ego d'un esclave aussi furieusement que le capot d'une voiture, mais la mécanique intime de mes furies se neutralise d'elle-même à la vue de jarretelles cinglant le ventre d'une poupée de cendre.
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Il n'y a plus que le crochet de ta chair pour freiner ma chute en ce froid matin de février. Ne me laisse pas seule avec ces milliers de mots que je dois éteindre un à un avant d'avouer mortellement que je t'aime.
