Je t'écris de trop près, le vent mort et les touches électrifiées: si seulement je te léchais comme on lèche les filles perdues à la sortie du pont ou au retour des campagnes
tu es belle à en exclure tout lendemain
à forcer le requiem quand tu ordonnes la fission minérale de la nuit autour de tes cuisses
la fuite sucrée du plaisir
qui coule au fond de la gorge
(sais-tu qu'ils ont remorqué mon existence en décembre 76 (je te le jure) mais il n'y avait déjà plus personne pour faire tourner la bouteille entre les cousines pieuses et sales assises en cercle au salon)
je regarde tes photos filer sur le réseau je les adore sans rien penser et entre toutes ces réminiscences mortelles d'un temps qui n'est plus le mien j'avale ma langue remontant du sexe au nombril que je devine creux et noir et plissé au pourtour de la parole par des eaux crevées jadis au fond d'un taxi
je me suis arrangée de la démence muette des caresses qui échouent à proximité de ta descente:
des vents solaires que je retourne contre moi (mauvaise perdante)
doigtée en douceur jusqu'à l'écume glacée sous les ongles
et ratant cette sortie de poème qui s'achève dans le vague
comme une louve postée à vingt mètres des feux
