mercredi 21 novembre 2018

Antégrammes



Je te vois dans le revers oxydé de l'usine, le cul mêlé à la poussière de plâtre, une queue dans chaque main et la bouche pleine de malédictions socialistes pour le contremaître qui pissait le sang sur tes seins en faisant tourner ses promesses d'épileptique.

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Le silence est une pute de même luxe que ton souffle rompu aux pieds d'une reine étanche, aveugle et exilée.

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Lécher le cul d'une fille jusqu'à ce qu'elle se retourne et me dise, d'une voix infusée par la démence: *Encule-moi ou je te jure que je m'arrache la tête*.

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Je suis le point zéro de l'expérience pornographique, le sous-produit mallarméen de Blanche Noire et des sept Neiges.

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Cette sensation de cerise fuyante quand ton clitoris appuie sur le bout de ma langue.

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Nue, conne et coulante, je me madame-edwardise en faisant le plein de queues au milieu d'un salon vidé de ses fonds de voyelles.

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La presque sainte se passe un doigt et le ciel en bave de toutes ses ouvertures.  J'aime les roses accidentées au passage d'un soleil acide et improbable.

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Je suis l'araignée, la toile et la proie.  Je me momifie puis me dévore à petites clartés entre un client qui veut que je l'épouse et un autre qui exige d'être sucé pendant que je chie. (J'avale son venin comme un caramel mou.)

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Je suis un monstre et rien de ce qui est humain ne m'est familier.

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Fut un temps où je lançais des bouteilles à la mer.  À présent, je largue des capsules dans l'espace.  J'ai ouvert mon naufrage aux pulsations d'un infini aphone et autophage.

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Tu agonises, la tête coincée entre mes cuisses, tandis qu'une grappe de goélands éclate dans le ciel.  Je suis la barbare lumineuse que tu aimes à voix basse sur un lit de palmes noires et croustillantes.

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J'ouvre ma messagerie à des envois de phallus qui affirment la brutalité de leur éclat ou le ridicule de leur effondrement, c'est selon.  La compétition est féroce: *branle-moi*, *non, moi*, *ma bite est sans rivale*...  Ces fantômes finiront tous la nuit dans un mouchoir.

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Le client est parti.  Je l'ai fouetté aux petites heures du matin, je l'ai cinglé jusqu'à ce qu'il gicle sur la croix.  Puis j'ai vomi dans mes mains et le chat m'a regardé comme si je revenais bredouille de la chasse aux écureuils.

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Des rues noires ponctuées par le bris des talons aiguilles et le chuintement des lèvres qui se détachent des queues.  (Je me pluralise pour échapper au monothéisme de son désir.)

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J'écrase le système de mes roses sur ta bouche et j'ai toute ta nuit qui me monte aux veines.

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Elle est bête, mais jolie.  En d'autres termes, sa gueule est moins contestable que son spaghetti.

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J'aime bien ramener l'apocalypse à une échelle domestique.  Par exemple, détruire une chaise IKEA qui branle du boulon ou encore m'insinuer entre les rognures célestes comme une lame entre le liège, le verre et la chair.

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Le coeur à l'eau, les sens surnagent.  J'ai passé la nuit à avaler le sperme d'un archange croisé par hasard à la sortie du métro.

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Que reste-t-il de dieu le porc après sa pendaison si ce n'est le battement de sa très sainte queue, son jus séché sur ma cuisse et une trappe ouverte sur la terre étoilée?

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La tête qui fume, les lèvres qui gonflent, le clitoris qui éclate.  (Je suis la drama queen du plaisir légionnaire.)

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Je revendique la noirceur miraculée de celle qui appartient à un poème qui ne cicatrise pas.








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