mardi 16 février 2016

Dressages. Carnets de dominance, 3



Je te connais.  Comme tous les mâles que j'ai foulés depuis le commencement des temps, ta psyché est d'une effarante simplicité. Quel que soit le géométral, ton désir le recoupe toujours à angle droit.  

Tu me dégoûtes et je jouis encore de surmonter le dégoût que tu m'inspires.

Je te méprise tellement que je voudrais ne plus m'adresser à toi au «tu».  Te tutoyer est une corvée, la deuxième personne du singulier me pèse quand je suis contrainte de l'utiliser pour te réquisitionner. C'est te faire trop d'honneur que de te personnaliser à travers ce pronom, mais j'ai besoin que tu m'entendes, j'ai besoin que TU ouvres le cul et que TU reçoives en hurlant les éclats de ma cravache
quand 
je 
te 
l'ordonne.





Alors je me replie, faute de mieux, sur la deuxième personne du singulier, mais lorsqu'elle te cible, lorsqu'elle t'atteint, ce n'est jamais que comme la nième variante de la continuité.  

Quand tu m'as imploré de te crucifier la tête en bas, je me suis reprochée de ne pas avoir de clous ni de marteau à ma disposition. Car je t'aurais exaucé, oui, ce jour-là, je me serais déchirée le sexe à deux mains en te regardant couler autour des clous.  Je me suis résignée à te ficeler les chevilles et les poignets sur les planches, et j'ai fait pivoter la roue, je me suis adossée à ton corps renversé, et j'ai immobilisé ta tête au moment où elle passait entre mes cuisses, je t'ai saisi aux cheveux et je t'ai contraint à me lécher jusqu'à ce que tu tournes de l'oeil au fond de mes roses.

Quand tu as repris connaissance, tu étais déjà dans la cage.  Tu m'as suppliée de te libérer, mais je t'ai ignoré, je vernissais mes ongles en silence sans t'accorder la moindre attention, puis j'ai progressivement perdu le compte des jours où je t'ai maintenu emprisonné, sans eau et sans nourriture.

À la fin, tu as pété les plombs.  Tu m'as traitée de salope, de putain, que sais-je encore.  Tu t'égosillais en griffant la peau qui bleuissait sous tes yeux.  Je me branlais à la fenêtre en regardant tomber la pluie.  Tu te déshydratais dangereusement.

Plus tard, quand je me suis assise sur la cage et que je me suis soulagée, tu geignais de reconnaissance en suçant les filets d'urine qui serpentaient autour des barreaux.

C'était si bon de m'entendre appeler déesse
de me revenir enfin par mon nom
à partir de tes lèvres fissurées




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