Tu vas hurler et t'envenimer juste ce qu'il faut pour te rappeler que l'art est le Non premier. Que tu n'as pas à débattre, justifier, excuser.
Si tu crées, tu n'appartiens à personne et tu coïncides sans reste avec le droit de tout dire, de tout montrer.
Dès que tu cesses de créer, tu cesses de t'appartenir. Tu appartiens à ton travail, à tes glandes, à ton fric, à ta peur, à tes enfants, à ta pute, à tes éboulements. Mais tu ne t'appartiens pas.
Tu ne t'appartiens qu'à l'instant de créer, quand le vertige est ta chose. Tu ne t'appartiens qu'au moment où l'exil est le tien et celui de nul autre.
(Si, à l'instant de créer, tu doutes avoir le droit de dire ou de montrer tel que cela se dit et se montre à toi, si tu te chies dessus, si tu modères le sens de ta rage par égard pour le collectif (ses privilèges bovins, sa reconnaissance négociée, ses bontés gluantes, ses subventions surveillées), tu imposes à ton exil une station impossible. Tu abdiques. Tu renonces au désert. C'est ton droit et tu te dégoûtes un peu de le revendiquer si mollement.)
*
Tu parcours d'un oeil vitreux les grands titres de l'actualité en te désolant que ce ne soit pas encore la guerre.
Tu apprends qu'un homme de théâtre admet une possible erreur de jugement. Tu entends le bruit de ses couilles qui roulent dans le caniveau.
De loin, tu reçois la rumeur croissante de toutes ces protestations, de tous ces cris. Le collectif hystérique qui te reproche de ne pas lui appartenir assez. Tu comprends alors que l'appropriation consiste dans la revendication forcenée de ton exil, et rien d'autre. Ce n'est pas toi qui t'appropries ce qui n'est la propriété de personne (par définition), ce sont eux qui te réquisitionnent et qui te disent: justifie, explique, excuse, recule.
(Au sommet de la transparence, tu peux encore souhaiter que la guerre arrive enfin, et que tous les ennemis de l'exil soient réappropriés à l'intérieur d'un seul et unique camp de travail forcé. Tu ne doutes pas un seul instant qu'ils seraient bien plus utiles à casser les cailloux de leur ressentiment qu'à émettre leur opinion débilitante sur des choses dont ils n'ont, bien en profondeur, rien à chier.)
*
Ta noirceur est un guide plus sûr que les convulsions du collectif.
Tu es seul en terre de chiens lâchés.
Ne confie ton exil à personne.
Si tu crées, tu n'appartiens à personne et tu coïncides sans reste avec le droit de tout dire, de tout montrer.
Dès que tu cesses de créer, tu cesses de t'appartenir. Tu appartiens à ton travail, à tes glandes, à ton fric, à ta peur, à tes enfants, à ta pute, à tes éboulements. Mais tu ne t'appartiens pas.
Tu ne t'appartiens qu'à l'instant de créer, quand le vertige est ta chose. Tu ne t'appartiens qu'au moment où l'exil est le tien et celui de nul autre.
(Si, à l'instant de créer, tu doutes avoir le droit de dire ou de montrer tel que cela se dit et se montre à toi, si tu te chies dessus, si tu modères le sens de ta rage par égard pour le collectif (ses privilèges bovins, sa reconnaissance négociée, ses bontés gluantes, ses subventions surveillées), tu imposes à ton exil une station impossible. Tu abdiques. Tu renonces au désert. C'est ton droit et tu te dégoûtes un peu de le revendiquer si mollement.)
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Tu parcours d'un oeil vitreux les grands titres de l'actualité en te désolant que ce ne soit pas encore la guerre.
Tu apprends qu'un homme de théâtre admet une possible erreur de jugement. Tu entends le bruit de ses couilles qui roulent dans le caniveau.
De loin, tu reçois la rumeur croissante de toutes ces protestations, de tous ces cris. Le collectif hystérique qui te reproche de ne pas lui appartenir assez. Tu comprends alors que l'appropriation consiste dans la revendication forcenée de ton exil, et rien d'autre. Ce n'est pas toi qui t'appropries ce qui n'est la propriété de personne (par définition), ce sont eux qui te réquisitionnent et qui te disent: justifie, explique, excuse, recule.
(Au sommet de la transparence, tu peux encore souhaiter que la guerre arrive enfin, et que tous les ennemis de l'exil soient réappropriés à l'intérieur d'un seul et unique camp de travail forcé. Tu ne doutes pas un seul instant qu'ils seraient bien plus utiles à casser les cailloux de leur ressentiment qu'à émettre leur opinion débilitante sur des choses dont ils n'ont, bien en profondeur, rien à chier.)
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Ta noirceur est un guide plus sûr que les convulsions du collectif.
Tu es seul en terre de chiens lâchés.
Ne confie ton exil à personne.

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