lundi 18 janvier 2016

Le cabinet (feuilleton politique, 7.4)


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Il fallut à Justin pas moins de deux semaines pour rassembler les membres épars de son cabinet et émerger de la brasserie ministérielle du boulevard Saint-Jean.
 
Ce ne fut pas une mince affaire.
 
Après avoir arraché Mélanie au bide graffité de Gaétan B. sur lequel elle n’avait eu de cesse de dégueuler depuis son absorption d’une quantité astronomique de petits baluchons fourrés au fromage de chèvre, Justin dut consacrer un temps fou à décrocher Quasithomas du sapin où il s’était emberlificoté, et à dénouer les multiples tronçons de sa queue dont le gland gouttait dangereusement à proximité de la barre d’alimentation.

Le coup de gong était venu de Stéphane qui avait retraité à l’hôtel Frontenac dès le lendemain de l’orgie au terme de laquelle le maire Bapoume frisa la mort pour s’être retrouvé la tête coincée dans le cul de Christine S.-P., et cela alors qu’on venait tout juste de transporter Martin C. d’urgence à l’hôpital à la suite d’un brutal prélèvement de bite (le fait qu’on eut aperçu des débris de phallus twister entre les orteils de Lucienne R. n’avait pas été jugé significatif, et les policiers de la capitale s’étaient satisfaits de l’explication selon laquelle cette catastrophe de type «objet petit a» ne valait pas une enquête de type «suspect petit gros», et que l’incident n’était en tout état de cause attribuable qu’à une innocente partie de chaise musicale qui avait mal tourné).

Justin avait donc dégrisé d’un seul coup en recevant une avalanche de textos dans lesquels Stéphane lui exposait la situation: 1) il s’était terré à l’hôtel Frontenac en début de matinée; 2) en passant les portes tournantes de l’hôtel, il était tombé sur l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite qui avait l’air fort contrarié et faisait un tas de rhaa-rhaa-rhaa inintelligibles en fixant le plafond; 3) Stéphane avait fini par comprendre que l’ambassadeur exigeait de toute urgence une rencontre avec Justin afin de discuter du contrat de 15 milliards de dollars prévu pour la construction de chars blindés; 4) il n’avait réussi à faire patienter l’ambassadeur qu’en l’invitant à monter avec lui; 5) en pénétrant dans la suite 809, il n’avait pas trouvé Sophie G. comme il s’y attendait; 6) il avait plutôt découvert Pierre-Karl P. étroitement ligoté au fond du walk-in, vêtu d’un accoutrement de femme de chambre avec un sabot de Vénus planté dans le derrière; 7) en apercevant Pierre-Karl ficelé de la sorte, l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite avait explosé -- de joie, de colère ou de convoitise, cela demeurait à déterminer, mais chose certaine, il s’était mis à bondir sur le lit, enchaînant les rhaa-rhaa-rhaa, et ne s’était finalement apaisé qu’après avoir administré une centaine de coups de fouet à Pierre-Karl -- que l’ambassadeur, semble-t-il, avait alors malencontreusement confondu avec une courtisane de la basse ville, c’était là du moins l’hypothèse que Stéphane hasardait, ne sachant plus à quel saint se vouer, textait-il encore, d’autant que son propre anus demeurait introuvable et que la vision de l’ex-gouverneure du Québec, dont les bearings avaient roulé Dieu sait où, dont les vis et les boulons avaient fini dans la gueule hilare ou affamée de Dieu sait qui, demeurait imprégnée en son esprit comme une dégueulasserie de garniture scotchée sur le carton de la boite d’une pizza commandée deux heures plus tôt et livrée quatre heures plus tard à partir d’un boui-boui répondant à l’appellation schizolinguistique de «Justin Nöther Hole in the Wall / Justin autre Trou dans le Solage».

Passé l’émoi d’origine, Justin demeurait pensif : il se demandait si l’auto-traducteur du portable de Stéphane n’avait pas pu connaître quelques ratés en cours d’exécution.

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- Ne me poussez pas à bout, Pierre-Karl, ne me poussez pas à bout…  Pour la dernière fois, insista Stéphane, dites-moi où est passée la femme de mon chef?
- Rhaa-rhaa-rhaa!
- Aucune idée, répondit Pierre-Karl en recrachant le coussinet de soutien-gorge que Julie lui avait enfoncé dans la bouche avant de quitter la suite en compagnie de ses petites copines.


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