vendredi 25 mars 2016
mercredi 23 mars 2016
mardi 22 mars 2016
dimanche 20 mars 2016
Le cabinet (feuilleton politique, 13. Spécial Tout le monde aime Marineland)
Trois semaines après avoir cueilli Pierre-Karl sur l’autoroute de la 40,
les sœurs David le déposèrent dans les gazons du Parlement. Avant de l’expulser de la Mercedes, Françoise
l’avait toutefois mis en garde.
- Mon amour, nous savons tous les deux que
Marine Le Pen est de passage au pays, alors sois vigilant et ne te laisse pas
séduire par le chant de cette morue xénophobe. Je te préviens : ma douceur, ma fidélité
et ma tétine sur le menton te sont acquises, mais si j’apprends que tu as cédé
à cette horrible bonne femme, ma vengeance sera apocalyptique et tu sais ce qui t’attend…
- Heu…
tu ne m’adresseras plus jamais la parole?
- Exactement! Alors du nerf, mon biquet! Et rappelle-toi :
la souveraineté sera inclusive ou ne sera pas!
Pierre-Karl gravissait péniblement la colline parlementaire; ses
vêtements étaient en lambeaux et l’univers entier lui donnait l’impression d’un
gigantesque étron dans lequel Dieu aurait câlissé le pied. Peut-être était-ce Julie qui avait raison en fin
de compte, peut-être n’était-il lui-même qu’une pauvre marde étampée sous la
semelle de chaussures trop grandes pour lui...
Après s’être rafraîchi dans la fontaine parlementaire, Pierre-Karl tomba
à genoux non loin de l’entrée des visiteurs et se prit la tête entre les mains.
Il tentait de se rappeler du discours que Françoise lui avait appris et qu’il
allait devoir réciter dès l’instant où la présidente du Front national
tenterait de lui mettre le grappin dessus -- mais en vain : une fois de
plus, il revoyait Rosita, ses mamelons noircis de salive bouillante, le glaçage
du sperme refroidi au creux de son nombril, cette énigme qui se nouait
fiévreusement sous les aisselles volcaniques, et que Pierre-Karl formulait de la
manière suivante : pourquoi, de toutes les ordures écoulées en ce supplice,
me faudrait-il inlassablement revenir à cette pieuvre épilée si ce n’est que
pour expier de l’anus entre les syllabes de la nuit et faire lever les gales
qui durcissent autour des lèvres de mon amour?
Mais alors que Pierre-Karl butait de tous ses concepts contre le mur de
cette lamentation, quatre jeunes à la mine affreuse et au physique contrefait
l’entourèrent, le soulevèrent puis le contraignirent à marcher en direction de
l’entrée du Parlement.
- Atapiékall, dit le premier dont les
dents du haut se chevauchaient!
- Atapiékall, Atapiékall, renchérit le
deuxième qui morvait du coin de l’oeil!
- Madame la pisidente nous attend en
haut, y a quéchose à veut te dire, gloussa le troisième!
Le quatrième n’avait rien à ajouter.
Pierre-Karl remarqua seulement qu’il portait un t-shirt sur lequel on
pouvait lire : Les étanges y sont pas nos namis.
Les quatre jeunes l’escortèrent à son bureau où la présidente du Front
national l’attendait, confortablement calée dans un fauteuil. Les pièces de son tailleur s’étalaient sur le
bord de la fenêtre; elle n’avait conservé qu’un dessous de soie noir et
transparent, et ses mains de paysanne, larges et rougeaudes, pendaient à
l’extrémité des accoudoirs. Une caisse
écrapoutie de Molson Dry reposait non loin de la patère, et des
bouteilles vides avaient été refoulées à proximité du radiateur.
La présidente avait l'oeil lourd et larmoyant de l’ivrogne qui
vous fixe en attendant de mettre la main sur une pensée un peu moins vaseuse
que les autres. Elle se leva et marcha
d'un pas pesant en direction de Pierre-Karl.
- Monsieur Péladeau, c’est bien vous? Eh
ben tabernaque, comme vous vous dites au Québec…
- Tabanak, la corrigea un des jeunes, on
dit tabanak, madame la pisidente.
- Ouais, dit Marine, ben dites donc, vous avez la
tête dans le cul, cher cousin, vous aussi vous vous êtes éclaté hier soir, pas
vrai? Allez, venez par ici que je vous embrasse….
Marine enlaça Pierre-Karl, l’attira tout contre elle et se mit à lui presser la queue à travers l’étoffe du pantalon. En d’autres circonstances, le chef du Parti québécois aurait
déjà jaculé dans ses culottes – après tout, on pouvait dire ce qu’on voulait,
mais la présidente était une fort belle femme et elle puait de très loin le
gros sexe sale – mais à certains égards, la fadeur de son teint et
l’affaissement plus ou moins prononcé de ses rondeurs lui rappelaient de loin
en loin le port chaloupé de Gaétan Barrette, ce qui, bien entendu, n’empêcha pas
Pierre-Karl de durcir au-delà de toute mesure, mais le prévint tout de même de
lâcher son jus au contact de cette paluche qui lui écrasait les couilles.
- Enfin, monsieur Péladeau, murmura la
présidente, ne venez pas me dire qu’une fusion de nos formations politiques est impensable… Je me doute
bien que l’afflux de ces merdeux de réfugiés vous inquiète autant que moi, et
nous savons tous les deux que notre langue et notre sang ne résisteront plus très
longtemps aux assauts de cette horde de crypto-terroristes galopants… Vous êtes beau, Pierre-Karl, vous êtes un
leader né, cela se voit, cela se sent, vous n’avez rien de commun avec ce petit roquet
opportuniste de Bernard Drainville… Allons, détendez-vous… Regardez-moi et osez me dire que mes charmes
ne valent pas mille fois ceux de cette grognasse de gauche que vous songez à
épouser, hmmm? Allez, mon mignon, ne
tournons plus autour du pot et scellons dans la blancheur immaculée de notre
chair et la pureté impérissable de notre race l’alliance de nos formations
respectives, fusionnons – oui, pareils à deux entreprises accablées par la
distance qu’introduisent entre elles de vaines opérations boursières, fusionnons
au plus près, convergeons en toute intimité et qu’il en soit entre nous comme
le travail par la joie, la force par le fluide, la droite par le feu, mon cul
par le tien, ô tendre cousin… mon très
cher BAOURP!
La présidente rota. C’était le
signal que guettaient les quatre consanguins pour se jeter sur Pierre-Karl, lui
arracher ses loques et l’immobiliser au sol pendant que Marine laissait glisser
le dessous de soie sur ses cuisses de percheron.
La bite de Pierre-Karl battait la mesure tous azimuts, et c’est à un
ultime éclat de conscience qu’il dut de se rappeler de la promesse faite à
Françoise. Il gémit.
- Au nom du Parti québécois, je tiens… je tiens à dissocier formellement notre
formation politique et ses instances de toute activité ou rencontre avec des
représentants de ce parti dont le… de ce
parti dont la… de ce parti dont les tetons,
le cul et les proportions sont rrhhhaaaa lovely!!
Tout juste avant que le sexe de la présidente ne s’abatte de très haut
sur sa queue flageolante, Pierre-Karl distingua le motif pubien de la moustache
hitlérienne qui coiffait le sommet des grandes lèvres et la pointe des mamelons
scarifiée et redessinée selon le modèle de la svastika.
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samedi 19 mars 2016
jeudi 17 mars 2016
Le cabinet (feuilleton politique, 12)
Lorsque Gaétan Barrette consentit finalement à présenter ses excuses
publiques à la députée péquiste, Diane Lamarre, l’exercice lui était tellement
étranger qu’il frisa la psychose.
Philippe, Carlos et Martin avaient dû le débriefer pendant deux longues
heures, non pas tant pour le convaincre de s’amender que pour lui exposer, dans
le bruit et la fureur, les différentes significations du concept même
d’excuse. Après cet entretien, et pour
ce qu’il en avait retenu, Gaétan était en proie à un vertige existentiel de
même nature que celui éprouvé lorsqu’on s’étonne de l’existence du monde, à
cette différence près que son étonnement se limitait à l’existence de
l’opposition et de toutes ces chochottes indignées, ces moumounes autocentrées qui
ne manquaient jamais une occasion de crier au martyre et d’alerter la meute
journalistique à la moindre petite joke de cul. L’éternelle ristourne du même, en somme.
Gaétan n’était donc pas de très bonne humeur et c’est pourquoi, après
avoir présenté ses excuses (ce qui,
semblait-il, n’était pas tout à fait la même chose que de demander pardon, comme ce petit putois de Gabriel Nadeau-Wawawa le
faisait valoir dans un article incompréhensible qui était paru la veille dans Le Devoir, et dont Françoise David avait
lu des extraits en chambre ce matin-là), Gaétan marcha d’un pas soutenu en
direction de l’Hôtel-Dieu de Québec. Il
savait ce dont il avait besoin, et maintenant plus que jamais.
Il aurait pu emprunter la limousine parlementaire, mais il décida de faire
le chemin à pied. C’était bon pour sa
ligne. Ces derniers temps, ils étaient
nombreux à l’avoir félicité sur les résultats de sa cure d’amaigrissement, mais
personne ne savait vraiment à quelle solution miraculeuse il devait ce physique
revampé… personne à part Gustavo, le seul infirmier du CHUL à qui Gaétan
faisait entièrement confiance, et sur lequel il pouvait compter en toute
occasion pour se procurer la clarté nécessaire à la fonte de ses plus sombres
pensées.
Après avoir emprunté discrètement l’escalier du stationnement souterrain,
Gaétan traversa la salle des lavages, enfila un sarrau au passage, puis se
faufila, de descente en descente et de couloir en couloir, jusque dans un
entrepôt désaffecté où de vieilles civières s’entassaient au milieu d’un
capharnaüm de défibrillateurs périmés et de panonceaux qui prenaient la
rouille, la poussière, les crottes de rats et les toiles d’araignées. Gustavo l’attendait tout au fond de l’entrepôt,
là où l’espace était le moins encombré. Adossé
à une porte de garage condamnée de longue date, les bras croisés, il fumait en
conversant avec un patient qui gisait sur le dos à même le plancher de ciment,
et dont la jaquette était souillée au niveau du col, comme s’il venait tout
juste de se dégueuler dessus.
- Gustavo.
- Patron.
Vous avez l’air en forme… Prêt pour
le lancer de patient en phase terminale?
- Mets-en. Je sens qu’à matin, m’a battre mon record.
- Vous êtes capable, patron...
Le patient était un homme d’une maigreur extrême, âgé tout au plus d’une
trentaine d’années. Le front dégarni et
les yeux cernés, il semblait voguer à la dérive d’une chair atrophiée, flanquée
ça et là d’ecchymoses crépusculaires. Il
était manifestement en fin de piste, mais lorsqu’il leva la tête en direction
du ministre de la santé, son regard s’illumina.
- Hééé, dit-il d’une voix pâteuse, vous
êtes Gaétan Barrette… C’est gentil
d’être venu me voir… Depuis le temps que
j’en parle à Gustavo… J’y croyais pus
vraiment, mais là, wow, vous êtes vraiment là, c’est
tellement cool… Vous savez, j’ai jamais cru à toutes ces niaiseries
qu’on raconte sur vous… Moi, je vous ai
toujours vu comme un homme d’action, un homme de vision qui sait ce qu’y veut
pis qui sait où ce qu’y s’en va, exactement ce qu’on a de besoin… Pas comme les osties de tapettes hipsters
d’intellos de marde du Plateau… Entéka,
je tenais à vous dire… tsé, vous êtes ma
plus grande idole après Jeff…
Le regard inexpressif, Gaétan se tourna vers Gustavo.
- Ok, y vas-tu finir par famer sa yeule?
- Faut pas lui en vouloir, gloussa l’infirmier en retournant le patient sur le ventre, depuis que je lui ai
annoncé votre visite, il arrête pas de me parler de vous: Gaétan par ci, Gaétan
par là… comment Gaétan va faire le ménage au gouvernement pis que Gaétan, ça au
moins c’est un homme qui se tient debout, etc.
- Je veux juste qu’y fame sa yeule.
- Pas de problème : de toute façon,
dès que je le vire sur le ventre, il arrête de parler… Voilà, il est tout à vous…
Gaétan ferma les yeux et inspira profondément. Puis, d’une main, il saisit le patient aux
cheveux, et de l’autre l’empoigna par le fond de culotte. Il le souleva, le maintint suspendu à
quelques centimètres du sol et se mit à lui imprimer, non sans quelque peine,
un mouvement de balancier de plus en plus vaste. Gustavo initia aussitôt le décompte.
- Et uuuuun, et deuuuuux, et… TRRROIS!
Mais à trois, plutôt que de voler dans les airs, le tronc du patient
flancha et roula sur le sol. Trop frêle,
sa structure osseuse s’était rompue en plein élan, ses jambes s’étaient
détachées du bassin, son cul avait explosé et sa tête décapitée demeurait
suspendue par les cheveux au bout du bras de Gaétan, pareille à une lanterne
ballotée par le vent du soir.
Pendant quelques secondes, la consternation fut complète et le silence
lui-même, à peine concurrencé par les rumeurs d’une lointaine sirène, avait
quelque chose d’effarant. Puis le visage du macchabée se convulsa, une crampe déchira les commissures des lèvres
bleuissantes et on l’entendit murmurer : Gaétan, t’es un champion,
lol.
Furieux, le ministre de la santé balança la tête dans un empilage de brancards
et Gustavo eut tout juste le temps de se signer avant de perdre connaissance.
*
Gaétan pataugeait dans le bain moussant de cette chambre de l’Hôtel des
Gouverneurs qu’il louait à la semaine, espérant qu’elle viendrait le rejoindre,
comme à tous les mardis, entre 15 et 16 heures.
Les canetons de plastique reposaient bien en vue sur le bord du lavabo,
et Gaétan devait redoubler d’effort afin de ne pas les fixer trop intensément, au
risque de précipiter une éjaculation malheureuse avant son arrivée, comme cela
s’était produit la semaine précédente.
Il était 15h45 lorsqu’il perçut le déclic de la serrure, puis le
cliquetis d’un trousseau jeté négligemment sur la commode. Transi de cette fébrilité érotique qui précède
de peu l’apparition aberrante, il ne put s’empêcher de se pincer le gras du
bide et d’agiter les jambes comme un enfant qui en est encore à apprivoiser les
arcanes de la motricité corporelle. L’eau
ruissela sur le rebord du bain et des grappes de mousse se détachèrent de la surface de l’eau. Une voix féminine, rauque et
suave, l’interpella de l’autre pièce, et Gaétan perçut avec une netteté
singulière le bruit si troublant de la robe qu’on dégrafe d’une seule coulée,
le froissement du tissu qui glisse sur les jambes, et toutes ces petites
déchirures acoustiques qui vouaient la matière ambiante à un vœu de silence si
profond qu’il en chavirait la chair et les sens jusqu’à la suffocation.
Vêtue d’un bikini rose fluo, la chevelure savamment ébouriffée, Nathalie
Normandeau pénétra dans la salle de bain en faisant claquer ses mules. Sans
même jeter un regard à Gaétan qui rougissait à fond dans la baignoire, elle s’empara
des canetons plastifiés qu’elle se mit à percuter l’un contre l’autre. Adoptant le ton et le rythme verbal d’une
éducatrice spécialisée qui s’adresse à un enfant attardé, elle amorça la
comptine.
- Coin-coin et coin-couine s’en allaient
au dépanneur du coin lorsque soudain coin-coin coinça coin-couine dans un coin…
- Couak-couak.
- … pendant que coin-coin couinait comme
un con et que coin-couine caquetait dans son caleçon…
- COUAK!
- …
gros Boudin boudait la bedaine à Babette dans les buissons.
- GROS BOUDIN!
- Et qui c’est qui s’en va à la chasse
aux coin-coins?
- C’EST BOUDIN!
- Pis c’est à qui la bedaine à Babette
dans les buissons?
- ADA BOUDIN!
À ces mots, Nathalie lança les canetons dans la baignoire et Gaétan, la
langue tirée, s’en empara et se mit à rouler sur lui-même, pareil à un béluga
psychotique, rageant et se tordant dans la mousse, déchaînant d’énormes vagues
qui débordèrent de la cuve. À la fin,
rouge et à bout de séisme, le ministre de la santé plongea les canetons sous l’eau
et hurla.
- !! EGADE, BABETTE, EGADE !! BOUDIN Y
NAYE LES COIN-COINS, BOUDIN Y NAYE LES COIN-COINS !!
- Ooooh noooon, fit Nathalie en feignant
l’indignation, méchant, méchant, méchant Boudin…
Une vingtaine de minutes plus tard, alors que Nathalie somnolait dans la
pièce d’à côté et que Gaétan, transi de froid dans la baignoire, s’épuisait vainement
à tirer une dernière palpitation de sa queue ratatinée, la porte de la chambre
fut d’abord forcée, puis fracassée, et trois agents casqués de l’UPAC firent
aussitôt irruption dans la salle de bain.
- Ok, le gros, fini le niaisage. Tu sors
de l’eau, tu t’habilles pis tu nous suis.
- Pis les canards?
- Quoi les canards? Quels canards? De quoi tu parles, crisse?
- Ben, mes canards. Couak-couak.
Genre.
mercredi 16 mars 2016
samedi 12 mars 2016
vendredi 11 mars 2016
jeudi 10 mars 2016
Dressages. Carnets de dominance, 6
Tu me disais: Ma jouissance est plus forte lorsque je suis venu une première fois, ne me demandez pas pourquoi, je vous en prie, je suis comme ça, c'est tout.
Mais non, je ne te poserai jamais de question pour la raison fort simple que tes réponses, bredouillées dans la honte ou développées avec une précision géométrique, sont sans intérêt de toute façon. Je n'ai pas beaucoup de patience pour la nuit des autres.
Je te claque, tu me paies. Tout le monde est content, ton abîme est intact, et pour le reste, je tiens le registre des progrès accomplis par ma petite élève en collant des étampes étoilées en marge de ses compositions les plus noires.
Te voici les bras relevés et les poignets menottés à une chaîne rivée au plafond. Tes pieds sont suspendus à quelques centimètres du sol, et tu tournes lentement sur l'axe de la chaîne comme un gigot empalé au crochet d'un abattoir. Tu fermes les yeux à l'instant où Scission te saisit aux aisselles, immobilise ta rotation et se poste derrière toi en ajustant le strap-on.
Scission est douce et avenante, elle ne te pénètre pas sauvagement, elle y a avec délicatesse et, pour l'instant, elle se limite à taquiner la raie de ton cul en agitant le bassin comme le font les danseuses qui sinuent, le regard ailleurs, autour des poteaux d'argent.
C'est le premier acte d'une pièce qui s'achèvera au troisième si tu tiens le coup jusqu'à la fin.
Scission pince ton gland, elle le triture du pouce et de l'index; ses trois autres doigts tissent une toile dans le vide, et tes reins se cabrent sous la pression croissante du gode. Ta bite éblouie se braque sous une pellicule
de
cire
cire
chaude.
C'est ici que j'interviens. J'enfonce mes ongles dans la chair de ta poitrine, et je te saigne à mains nues, je t'écorche à fond, des seins jusqu'au bassin.
Je recule sans te quitter des yeux, Scission accélère la cadence enculatoire, je recule encore en faisant claquer mes sabots de Silène. Je dis: Cochon considérable, cinq mètres nous séparent, voyons si tu peux battre ton record et juter jusqu'à mes pieds.
Scission resserre sa poigne autour de ta queue qui décrit un angle de 110 degrés, tu écumes, le sperme file et son arc se casse, se pulvérise en une fontaine éparse dont je saisis au vol quelques gouttelettes. Je te reviens, je te passe au visage ma main toute poisseuse de jus et j'ordonne à Scission de te détacher.
Je dis: Si je n'avais pas tendu la main, ta merde serait tombée à un mètre de mes bottes. Tu murmures: J'ai échoué, je ne suis qu'un sac à ordures plein à craquer, je mérite une correction. Je dis: Quant à moi, tu ne mérites rien, tu pourrais aussi bien t'étouffer dans ton vomi, mais je vais te corriger quand même.
Une fois détaché, je t'ordonne de te mettre à genoux, je m'empare du fouet et je te bande les yeux. Tu as trente secondes pour trouver le chemin de ta cage, faute de quoi je te renvoie à la lumière des hommes et tu seras privé de dessert.
Tu gémis: Mais où est la cage? Déesse, tu ne me l'as pas dit, donne-moi au moins un indice. Je réponds: La cage est partout, écoute ton coeur.
Et je te cingle entre les omoplates de toutes mes forces. Tu n'as manifestement pas apprécié. Tu te relèves en titubant et tu retires ton bandeau. Tu cries: Mais ça va pas, non? Tu es folle!
Peut-être mais tu ne me
parleras pas
sur
ce
ton
Je passe le fouet à Scission qui te cingle à son tour, mais cette fois sur les cuisses, tout juste à lisière des couilles. Tu t'écroules, tu te replies en position foetale, tu cries encore plus fort: WO, STOP, JE NE MARCHE PLUS, ON ARRÊTE TOUT, ON...
J'écrase ton groin de porc récalcitrant sous mon sabot. Je dis: Tu veux qu'on arrête tout? C'est vraiment ce que tu veux? Tu connais le safeword, alors dis-le et tout sera fini.
Tu murmures: Non, je ne m'en souviens pas... Je dis: Dans ce cas, veux-tu que je te le rappelle?
Tu ne réponds rien.
Une fois détaché, je t'ordonne de te mettre à genoux, je m'empare du fouet et je te bande les yeux. Tu as trente secondes pour trouver le chemin de ta cage, faute de quoi je te renvoie à la lumière des hommes et tu seras privé de dessert.
Tu gémis: Mais où est la cage? Déesse, tu ne me l'as pas dit, donne-moi au moins un indice. Je réponds: La cage est partout, écoute ton coeur.
Et je te cingle entre les omoplates de toutes mes forces. Tu n'as manifestement pas apprécié. Tu te relèves en titubant et tu retires ton bandeau. Tu cries: Mais ça va pas, non? Tu es folle!
Peut-être mais tu ne me
parleras pas
sur
ce
ton
Je passe le fouet à Scission qui te cingle à son tour, mais cette fois sur les cuisses, tout juste à lisière des couilles. Tu t'écroules, tu te replies en position foetale, tu cries encore plus fort: WO, STOP, JE NE MARCHE PLUS, ON ARRÊTE TOUT, ON...
J'écrase ton groin de porc récalcitrant sous mon sabot. Je dis: Tu veux qu'on arrête tout? C'est vraiment ce que tu veux? Tu connais le safeword, alors dis-le et tout sera fini.
Tu murmures: Non, je ne m'en souviens pas... Je dis: Dans ce cas, veux-tu que je te le rappelle?
Tu ne réponds rien.
Scission allait te frapper à nouveau. Je lui ordonne de suspendre le fouet et je répète la question: Veux-tu que je te rappelle le safeword? Et c'est à cet instant que tu craques, que tu te mets à pleurnicher comme un petit enfant perdu dans une foire: Non, je ne veux pas, non, non, non.
Alors nous te fouettons à quatre mains, nous y mettons toute la gomme, les coups pleuvent de partout, tes couilles valsent, ton cul se déchire, tes dents craquent, tu roules à droite, je te cingle les pieds, tu roules à gauche, elle te te lacère l'abdomen, tu reçois en hurlant le don de la douleur et des larmes, et lorsque tu n'est plus qu'une carcasse zébrée et purulente
nous passons enfin
au troisième
acte.
Je retire un de mes sabots et j'enfouis ton museau morveux dans l'empeigne. Je pose délicatement ta tête sur le coussin de mes cuisses repliées et je dis: Inspire, Inspire à fond. Au même moment, Scission se couche sur le côté, dégage ta queue flapie qu'elle se met à branler, d'abord lentement, puis de plus en plus vite; elle te finit en te suçant, et lorsque tu viens enfin, la jouissance est si forte et si ravageante que tu en dégueules dans ma botte.
Cet après-midi là, après ton départ, je prenais le soleil à la terrasse d'un café du Vieux Port en compagnie de Scission. C'était la première belle journée de printemps, je l'aurais volontiers passée tout entière à l'extérieur, mais il fallait renflouer la caisse. Je regardais les hommes circuler sur la place, à la traîne de leurs affreuses bonnes femmes.
Ils sont nombreux à être comme toi, beaucoup plus nombreux que tu ne pourrais l'imaginer.
À un certain moment, j'ai pointé du doigt un vieux beau et j'ai dit à Scission: Lui.
Elle m'a embrassée, elle s'est levée et elle s'est mise à le suivre. Je pouvais compter deux bonnes heures avant qu'elle ne revienne au studio. Alors j'ai commandé une autre bouteille, j'ai ouvert mon carnet et je me suis branlée discrètement en tirant le croquis de la guêpière dont je rêvais depuis longtemps.
Alors nous te fouettons à quatre mains, nous y mettons toute la gomme, les coups pleuvent de partout, tes couilles valsent, ton cul se déchire, tes dents craquent, tu roules à droite, je te cingle les pieds, tu roules à gauche, elle te te lacère l'abdomen, tu reçois en hurlant le don de la douleur et des larmes, et lorsque tu n'est plus qu'une carcasse zébrée et purulente
nous passons enfin
au troisième
acte.
Je retire un de mes sabots et j'enfouis ton museau morveux dans l'empeigne. Je pose délicatement ta tête sur le coussin de mes cuisses repliées et je dis: Inspire, Inspire à fond. Au même moment, Scission se couche sur le côté, dégage ta queue flapie qu'elle se met à branler, d'abord lentement, puis de plus en plus vite; elle te finit en te suçant, et lorsque tu viens enfin, la jouissance est si forte et si ravageante que tu en dégueules dans ma botte.
Cet après-midi là, après ton départ, je prenais le soleil à la terrasse d'un café du Vieux Port en compagnie de Scission. C'était la première belle journée de printemps, je l'aurais volontiers passée tout entière à l'extérieur, mais il fallait renflouer la caisse. Je regardais les hommes circuler sur la place, à la traîne de leurs affreuses bonnes femmes.
Ils sont nombreux à être comme toi, beaucoup plus nombreux que tu ne pourrais l'imaginer.
À un certain moment, j'ai pointé du doigt un vieux beau et j'ai dit à Scission: Lui.
Elle m'a embrassée, elle s'est levée et elle s'est mise à le suivre. Je pouvais compter deux bonnes heures avant qu'elle ne revienne au studio. Alors j'ai commandé une autre bouteille, j'ai ouvert mon carnet et je me suis branlée discrètement en tirant le croquis de la guêpière dont je rêvais depuis longtemps.
lundi 7 mars 2016
Dressages. Carnets de dominance, 5
Rares sont les soumis qui m'étonnent. En règle générale, vous vous présentez à moi comme un bloc de sang dont je dois orchestrer les pulsations. Je m'empare de votre désir, je dégage son objet nocturne des scories dont votre imagination l'a attifé, je le passe sous l'eau glacée de la loi et je le reconduis, acéré et purifié, à quelques figures de style qui prennent le plus souvent la forme de la cage, du fouet ou des aiguilles.
Au fond, je vous déleste d'une très ancienne nostalgie, car vous ne savez jamais vraiment ce que vous venez chercher chez moi: vous jouissez de le reconnaître à l'instant où je vous dévaste les sens et l'esprit.
Mais toi...
Certains hommes sont porteurs d'un mystère insondable, c'est vrai, mais ce mystère ne me démonte pas, il ne m'en a jamais imposé. Lorsque je suis en présence d'un abîme vivant, d'un organisme incompréhensible, je me conforme calmement à la règle sadienne stipulant qu'il vaut mieux le foutre que de chercher à le comprendre, et ainsi ma joie demeure.
Lorsque tu m'as contactée au téléphone, tu semblais pourtant savoir exactement ce que tu voulais, comment tu souhaitais que je t'apparaisse, les signifiants que tu désirais voir filer dans mon discours, la cartographie complète des supplices cartésiens que je devais nécessairement t'infliger afin d'assurer une réduction rapide, sévère et angoissante.
Compte tenu de la complexité des décors et des contraintes, je t'ai prévenu que ce ne serait pas donné. Tu as dit: Aucun problème. Tu m'as envoyé le chèque par voie électronique. Sitôt encaissé, je me suis mise au travail. Sais-tu que j'y ai consacré une semaine entière? Non, je n'ai pas chômé, je me suis vraiment démenée afin que tout soit réglé au quart de tour -- j'ai même dû requérir les services d'un ingénieur afin de calibrer la suspension du triangle d'or et solidifier la descente amovible de la douche. Au prix que tu consentais à payer, je m'en serais voulu d'avoir bâclé le travail -- oui, même aux yeux de cette lopette alambiquée que tu représentais pour moi, j'aurais eu honte de pas avoir mis tous mes soins à verrouiller les miroirs de ta démence, car je suis reine, tu le sais, et mon royaume ne se mesure pas seulement au nombre d'esclaves qui se rompent au contact de la nuit, mais aux machines infernales que j'assemble en secret et qui ne carburent qu'aux clartés
les
plus
plus
rares
Imagine un peu ma déception.
Quand tu es entré chez moi, pourtant, je te trouvais beau. J'ai su tout de suite que tu occupais un rang important dans le monde sensible, et je me réjouissais de ta force, de ta classe, de cette assurance professionnelle qui irriguait le moindre de tes gestes. Oui, tu étais beau, et j'avais déjà décidé que j'allais instrumentaliser cette beauté à mon profit, que j'allais jouir entre toutes les flammes et que cette jouissance serait abominable.
Alors imagine ma déception quand tu m'as tendu la main comme un imbécile. J'ai pensé: Mais ma parole il me prend pour une collègue de travail! Je dégrisais salement. Alors je t'ai tourné le dos en me disant qu'à ce compte, mieux valait procéder et en finir au plus vite.
Je t'ai tourné le dos, j'ai dénoué le cordon de ma robe de nuit et je l'ai laissée glisser. Quand je suis revenue à toi afin que tu me voies telle que tu l'avais souhaité, tu étais déjà par terre, tu n'avais plus rien à voir avec l'homme qui se tenait devant moi quelques secondes plus tôt, tu gisais au sol
et tu gémissais
en
suçant
ton
pouce.
suçant
ton
pouce.
Et tu n'avais encore rien vu du décor: le triangle d'or, la table des éléments, la cage en bois d'ébène, la représentation des sorcières de Disney et la collection complète des anneaux de feu que j'avais disposés par ordre apocalyptique sur un présentoir de velours noir.
Tout ce que j'avais préparé pour toi, tout le travail investi dans le montage de la scène -- tu ne le voyais pas, tu ne pouvais pas le voir, tu ne voyais plus rien
que mes talons aiguilles
sacrés à jamais
par
ton
regard
de fou.
Ton désir faisait de toi un épileptique improductif qui demeurait sourd à chacun de mes commandements. Je te disais: Lève-toi. Tu répondais: Non, je vous en prie, c'est trop... Je te disais encore: J'exige que tu me suives dans l'autre pièce. Tu répondais: Vous ne comprenez pas, je souffre trop, je suis une merde, vous m'entendez, une merde, une merde, une merde...
Je n'entretenais aucun doute à ce sujet. Mais que d'entrée de jeu, et avant même que j'aie pu prendre l'initiative de te parler durement, ou simplement de hausser le ton d'un octave, tu perdes toute contenance au point de t'effondrer et de ne plus bouger un muscle...
Oui, j'étais désemparée et c'était bien la première fois. Toi de prime abord si beau et si rayonnant... Oh, je t'aurais réduit, sois-en certain, ta langue était condamnée à glisser sur une infinité de surfaces, mais je m'attendais tout de même à un minimum de résistance -- la mâchoire qui se verrouille, le sourcil qui se fronce, la main qui se crispe, enfin n'importe quelle manifestation de vanité musculaire, même la plus ténue, qui aurait pu me signifier que le jeu était engagé, que la réduction demeurait à l'état de projet et que j'allais me durcir comme une chienne au milieu des orages planifiés.
Mais ça? Et tout ce travail pour rien?
Je ne savais même plus ce que tu attendais de moi; je te voyais couler sans révolte au fond de ton abjection, impuissant à formuler, fût-ce en une phrase de trois mots, le désir qui te ravageait.
Alors je me suis dit: Tant pis. J'ai marché en direction du lit. Lentement, sans même te regarder, j'ai retiré mes escarpins, ma guêpière, ma couronne de tulipes noires; une à une, j'ai déposé au pied du lit les pièces de mon armure, je me suis mise à nu et je me suis couchée, bras en croix et jambes écartées, puis j'ai dit: Je ne bouge plus, désormais je ne fais plus rien, vois, je suis morte, tu peux maintenant disposer de moi
me faire tout ce que tu veux
je suis
toute
je suis
toute
à
toi.
D'abord, j'ai cru que tu étais mort. Le silence atteignit bientôt une densité sépulcrale. Alors, j'ai fermé les yeux et j'ai attendu -- quoi? Je n'aurais su le dire. Pour une fois, j'initiais un jeu dont je n'apercevais pas bien la finalité et dont les règles m'échappaient à moitié. J'avais seulement décidé qu'il ne se passerait rien, que je laisserais le néant fermenter entre nous jusqu'à que tu risques un geste ou une parole.
Puis j'ai perçu que tu te traînais sur le sol comme un prisonnier qui a pris une balle dans la jambe. Tu haletais. Je supposais que tu souffrais atrocement de ne plus savoir comment ruiner cette liberté que je t'abandonnais, oui, je supposais que tu te dévastais de te retrouver dans le vide ouvert par ma nudité, plus ensorcelante pour toi désormais que toutes les parures abyssales dont tu avais dressé la liste puisque je te privais du code qui t'aurait permis de déchiffrer la nature exacte du châtiment que je t'infligeais du simple fait de reposer à distance
de ce qui
n'a pas
de
nom.
Et puis il y a eu ce déclic. J'ai ouvert les yeux. Tu te tenais debout au pied du lit avec le canon du revolver enfoncé dans la bouche. Alors j'ai commencé à me doigter, et je t'ai dit: Non, pas comme ça. Je me suis relevée, j'ai marché à toi en me branlant de plus en plus fort, j'ai posé ma main sur la tienne, doucement je me suis emparée du revolver et je me suis glissée derrière toi en t'ordonnant de te pencher. J'ai lubrifié le canon à même mes roses et je l'ai enfoncé dans ton cul
jusqu'à
la crosse.
Tu as crié: PAN PAN LA MAMAN DE BAMBI! J'ai pressé sur la détente. Clic.
Quelques minutes plus tard, tu te rhabillais comme si de rien n'était. Tu sifflotais, tu semblais heureux. Avant de partir, je t'ai même aidé à refaire le noeud de ta cravate. Oui, tu étais étrangement con mais tu étais beau.
Le lendemain, je t'écrivais pour te dire que j'avais retrouvé des coulures de ton sperme jusque sur le rebord de la fenêtre.
Tu ne m'as pas répondu. C'est sans doute mieux ainsi.
Puis j'ai perçu que tu te traînais sur le sol comme un prisonnier qui a pris une balle dans la jambe. Tu haletais. Je supposais que tu souffrais atrocement de ne plus savoir comment ruiner cette liberté que je t'abandonnais, oui, je supposais que tu te dévastais de te retrouver dans le vide ouvert par ma nudité, plus ensorcelante pour toi désormais que toutes les parures abyssales dont tu avais dressé la liste puisque je te privais du code qui t'aurait permis de déchiffrer la nature exacte du châtiment que je t'infligeais du simple fait de reposer à distance
de ce qui
n'a pas
de
nom.
Et puis il y a eu ce déclic. J'ai ouvert les yeux. Tu te tenais debout au pied du lit avec le canon du revolver enfoncé dans la bouche. Alors j'ai commencé à me doigter, et je t'ai dit: Non, pas comme ça. Je me suis relevée, j'ai marché à toi en me branlant de plus en plus fort, j'ai posé ma main sur la tienne, doucement je me suis emparée du revolver et je me suis glissée derrière toi en t'ordonnant de te pencher. J'ai lubrifié le canon à même mes roses et je l'ai enfoncé dans ton cul
jusqu'à
la crosse.
Tu as crié: PAN PAN LA MAMAN DE BAMBI! J'ai pressé sur la détente. Clic.
Quelques minutes plus tard, tu te rhabillais comme si de rien n'était. Tu sifflotais, tu semblais heureux. Avant de partir, je t'ai même aidé à refaire le noeud de ta cravate. Oui, tu étais étrangement con mais tu étais beau.
Le lendemain, je t'écrivais pour te dire que j'avais retrouvé des coulures de ton sperme jusque sur le rebord de la fenêtre.
Tu ne m'as pas répondu. C'est sans doute mieux ainsi.
dimanche 6 mars 2016
Le cabinet (feuilleton politique, 11)
Dans la limousine qui les ramenait à Ottawa, Margaret Sinclair
s’enivrait abominablement pendant que Justin se rongeait les ongles et observait le spectacle des flammes qui léchaient les structures du pont
Jacques-Cartier. À la sortie de
l’autoroute Ville-Marie, des réfugiés syriens atteints de célinite
post-angélitale s’étaient précipités sur le capot de la voiture en gueulant les
paroles de Pour que tu m’aimes encore, ce
qui avait enchanté Margaret au point de se coller tout contre son fils et de
lui murmurer à l’oreille : Et si tou rhaamenais la loi des mesoures de
guerre, just like your daddy…
Justin n’en pouvait plus. La
situation était critique à plus d’un titre.
Depuis la défenestration de l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite, le
contrat de livraison des chars d’assaut était suspendu; Sophie se livrait
entre-temps à des actes de terrorisme conjugal en balançant sur le Web des extraits
de ses ébats nuptiaux dans lesquels on apercevait Justin couché sur le dos, les
genoux ramenés contre sa poitrine avec des épingles à linge de couleur pastel
clipées sur toute la circonférence des couilles; Mélanie le trompait avec
Harjit qui la trompait elle-même avec Quasithomas qui cocufiait ce dernier avec
Mélanie (ce n’était pas un des effets les moins détestables du libéralisme et
de ses impératifs de rentabilisation forcenée que d’avoir gâté, de façon sans
doute irréversible, les concepts pré-sidéens d’orgie et d’amour de masse tels
que Justin les avait apprivoisés à la fin des années 70 grâce au film d’Ilsa, la louve des SS que ses parents
lui avaient offert à l’occasion de son neuvième anniversaire), et comme si la
situation n’était pas déjà assez désespérée, voilà qu’il apprenait que Maxime
Bernier se lançait dans la course à la chefferie du parti Conservateur parce
que, selon la rumeur, il aurait bêtement confondu sa fermeture éclair avec
celle d’un Hell’s Angel qui pissait à ses côtés dans quelque bar miteux de la
basse Beauce.
- Justunne, darling…
- Maman, je t’en prie…
- Justunne, fais-moi une phrase avec
mouton.
Dieu merci, Stéphane s’était démené dans les coulisses, et si le pauvre
n’avait toujours pas récupéré son anus, c’est tout de même à lui que Justin
devait l’idée géniale d’approuver stratégiquement la motion conservatrice
proposant de condamner le mouvement de boycott à l’endroit d’Israël. À tout le moins cela lui avait-il permis de
montrer qu'il ne s'en laisserait pas imposer par les islamistes radicaux qui taillaient de saintes pipes aux rois du pétrole. Comme son père le lui avait
souvent répété, la politique internationale au Moyen-Orient consistait
toujours, peu ou prou, à naviguer entre deux ou trois gangs de
rue schizothéistes qui sniffaient des lignes de bible et se lançaient des
bombes à la sortie de l’école.
- Justunne, please, fais-moi une phrase
avec mouton.
- Mamaaaaan…
- Il est mou ton graine, ark-ark-ark-yuuuuuuuckkkk-k-k-k…
Et voilà que Margaret s’étouffait à nouveau. Le docteur lui avait pourtant recommandé
d’éviter les blagues grivoises, les jeux de mots douteux, enfin toutes ces facéties
qui lui passaient par la tête dès qu’elle avait pris un coup de trop et qui la faisaient s’esclaffer jusqu’à l’asphyxie. Justin lui frotta doucement le dos.
- Maman, tu dois te détendre…
- I know what you
think… that I am a whore and all… mais
tou sais, back in the days, j’étais un pétard, I was a firework… You should ask Jagger… dans le stoudio fifty-four, Mick was so damn
cool… j’avais toutes ses babouines under
my…
- Maman, on ne dit pas babouines, mais
babines… Et puis ça fait mille fois que
tu racontes cet épisode, un peu de retenue
je te prie…
- Bouhouhou, you’re so rude, tou es
zzzzzactly comme ton daddy… et uncle fucker… tou ne m’aimes plous…
- Uncle fucker?
- Oui!
Jean Chrétchien! Bouhouhou…
Justin ne pouvait supporter l’idée de sa mère en larmes jusqu’à
Ottawa. Il prit son cellulaire et balaya
du pouce le fil d’actualité. Le Hufftington Post annonçait la
circulation virale d’une nouvelle capsule scandaleuse de Sophie : cette
fois, on apercevait Justin en tenue de boxeur, l’œil gauche tuméfié, le maillot
abaissé aux genoux, et giclant à pleine queue sur la console du lave-vaisselle
au moment où une adolescente philippinoise lui décochait un direct de la droite. Inconsolable, Margaret ouvrit le bar de la
limousine et se versa un autre verre de gin.
- Tou ne m’aimes
plous… oh God do I feel like shit…
- Aaaah, maman, arrête, tu sais bien que
je t’aime!
- C’est vrrwai? Oooh darling, tou m’aimes for real?
- Mais oui, mais
oui…
- Alorws, fais-moi une phrase avec
maloutrou.
- Malotru, tu veux dire?
- Yes, maloutrou.
- Bon, ça suffit, tu vas me faire le
plaisir de lâcher ce verre et tu vas…
- Je ne poux plous fairwe l’amour parce
que j’ai maloutrou, ark-ark-ark-yuuuck-k-k-k…
*
Au coin d’une rue, l’angoisse, une
angoisse sale et grisante, décomposa Coderre Grospetit (peut-être d’avoir compris
que sévir contre les salons de massage s’avérait finalement plus complexe que
prévu).*
Plus tard, lorsque l’hôtesse vietnamienne
se coucha sur un matelas posé à même le sol et retira son slip, le maire glissa
sur le ventre, ajusta ses lunettes et posta son pif à deux centimètres du sexe
de la fille.
- Il est temps de serrer les freins à mon projet de loi, et de m’arrêter,
un instant, en route, comme quand on regarde le vagin d’une femme**
Coderre Grospetit ne savait pas encore
s’il allait le toucher, le lécher, le mordre ou cracher dedans. Il inspira à fond, s’imprégna de cette odeur de
quenouille râpée qui lui rappelait les relents d’aisselles de sa maman lorsqu’elle se
postait à quatre pattes pour récurer le fourneau.
La tête lui tournait de sombrer dans le non-savoir et sa
queue craquait au contact du plancher glacé.
Jamais encore il n’avait observé d’aussi près une fleur dont les pétales
se déficelaient en temps réel avec un tel effet de présence.
La sueur lui coulait dans les
yeux. Alors Coderre Grospetit retira ses
lunettes, serra les dents et s’adressa en ces termes au vagin mi-clos de la pute vietnamienne :
- Tu es creux comme un nid de poule, rose et brun comme de la crème à
glace napolitaine, tu me fais bander comme un jambon joli, mais donne-moi une
raison, une seule bonne raison de ne pas mettre un cadenas dans la porte de
tous les salons de massage de Montréal, stidciboledecrisse-d’outreteton.
La fille gémit faiblement, et à la plus
grande surprise de Coderre, son clitoris zombifié émergea de la nuit à la cîme
des petites lèvres et lui dit:
- Dein où Dzéline?
Mais avant qu’il ait pu répondre, crier
ou battre en retraite, le vagin enveloppa la tête de Coderre Grospetit qui se mit à gigoter
des quatre membres et à bondir sur sa propre bedaine comme un blanchon qui cherche
à gagner le trou d’eau avant que la pique ne s’abatte sur son crâne. Lorsque le silence revint, peu après que le filet
de pisse eut serpenté jusque sous la porte de la chambre, la masseuse
vietnamienne chanta doucement : Fallait pas commencer, m’attirer, me
toucher-éééé.
*En mi-Bataille dans le texte
** En mi-Lautréamont dans le texte
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