Trois semaines après avoir cueilli Pierre-Karl sur l’autoroute de la 40,
les sœurs David le déposèrent dans les gazons du Parlement. Avant de l’expulser de la Mercedes, Françoise
l’avait toutefois mis en garde.
- Mon amour, nous savons tous les deux que
Marine Le Pen est de passage au pays, alors sois vigilant et ne te laisse pas
séduire par le chant de cette morue xénophobe. Je te préviens : ma douceur, ma fidélité
et ma tétine sur le menton te sont acquises, mais si j’apprends que tu as cédé
à cette horrible bonne femme, ma vengeance sera apocalyptique et tu sais ce qui t’attend…
- Heu…
tu ne m’adresseras plus jamais la parole?
- Exactement! Alors du nerf, mon biquet! Et rappelle-toi :
la souveraineté sera inclusive ou ne sera pas!
Pierre-Karl gravissait péniblement la colline parlementaire; ses
vêtements étaient en lambeaux et l’univers entier lui donnait l’impression d’un
gigantesque étron dans lequel Dieu aurait câlissé le pied. Peut-être était-ce Julie qui avait raison en fin
de compte, peut-être n’était-il lui-même qu’une pauvre marde étampée sous la
semelle de chaussures trop grandes pour lui...
Après s’être rafraîchi dans la fontaine parlementaire, Pierre-Karl tomba
à genoux non loin de l’entrée des visiteurs et se prit la tête entre les mains.
Il tentait de se rappeler du discours que Françoise lui avait appris et qu’il
allait devoir réciter dès l’instant où la présidente du Front national
tenterait de lui mettre le grappin dessus -- mais en vain : une fois de
plus, il revoyait Rosita, ses mamelons noircis de salive bouillante, le glaçage
du sperme refroidi au creux de son nombril, cette énigme qui se nouait
fiévreusement sous les aisselles volcaniques, et que Pierre-Karl formulait de la
manière suivante : pourquoi, de toutes les ordures écoulées en ce supplice,
me faudrait-il inlassablement revenir à cette pieuvre épilée si ce n’est que
pour expier de l’anus entre les syllabes de la nuit et faire lever les gales
qui durcissent autour des lèvres de mon amour?
Mais alors que Pierre-Karl butait de tous ses concepts contre le mur de
cette lamentation, quatre jeunes à la mine affreuse et au physique contrefait
l’entourèrent, le soulevèrent puis le contraignirent à marcher en direction de
l’entrée du Parlement.
- Atapiékall, dit le premier dont les
dents du haut se chevauchaient!
- Atapiékall, Atapiékall, renchérit le
deuxième qui morvait du coin de l’oeil!
- Madame la pisidente nous attend en
haut, y a quéchose à veut te dire, gloussa le troisième!
Le quatrième n’avait rien à ajouter.
Pierre-Karl remarqua seulement qu’il portait un t-shirt sur lequel on
pouvait lire : Les étanges y sont pas nos namis.
Les quatre jeunes l’escortèrent à son bureau où la présidente du Front
national l’attendait, confortablement calée dans un fauteuil. Les pièces de son tailleur s’étalaient sur le
bord de la fenêtre; elle n’avait conservé qu’un dessous de soie noir et
transparent, et ses mains de paysanne, larges et rougeaudes, pendaient à
l’extrémité des accoudoirs. Une caisse
écrapoutie de Molson Dry reposait non loin de la patère, et des
bouteilles vides avaient été refoulées à proximité du radiateur.
La présidente avait l'oeil lourd et larmoyant de l’ivrogne qui
vous fixe en attendant de mettre la main sur une pensée un peu moins vaseuse
que les autres. Elle se leva et marcha
d'un pas pesant en direction de Pierre-Karl.
- Monsieur Péladeau, c’est bien vous? Eh
ben tabernaque, comme vous vous dites au Québec…
- Tabanak, la corrigea un des jeunes, on
dit tabanak, madame la pisidente.
- Ouais, dit Marine, ben dites donc, vous avez la
tête dans le cul, cher cousin, vous aussi vous vous êtes éclaté hier soir, pas
vrai? Allez, venez par ici que je vous embrasse….
Marine enlaça Pierre-Karl, l’attira tout contre elle et se mit à lui presser la queue à travers l’étoffe du pantalon. En d’autres circonstances, le chef du Parti québécois aurait
déjà jaculé dans ses culottes – après tout, on pouvait dire ce qu’on voulait,
mais la présidente était une fort belle femme et elle puait de très loin le
gros sexe sale – mais à certains égards, la fadeur de son teint et
l’affaissement plus ou moins prononcé de ses rondeurs lui rappelaient de loin
en loin le port chaloupé de Gaétan Barrette, ce qui, bien entendu, n’empêcha pas
Pierre-Karl de durcir au-delà de toute mesure, mais le prévint tout de même de
lâcher son jus au contact de cette paluche qui lui écrasait les couilles.
- Enfin, monsieur Péladeau, murmura la
présidente, ne venez pas me dire qu’une fusion de nos formations politiques est impensable… Je me doute
bien que l’afflux de ces merdeux de réfugiés vous inquiète autant que moi, et
nous savons tous les deux que notre langue et notre sang ne résisteront plus très
longtemps aux assauts de cette horde de crypto-terroristes galopants… Vous êtes beau, Pierre-Karl, vous êtes un
leader né, cela se voit, cela se sent, vous n’avez rien de commun avec ce petit roquet
opportuniste de Bernard Drainville… Allons, détendez-vous… Regardez-moi et osez me dire que mes charmes
ne valent pas mille fois ceux de cette grognasse de gauche que vous songez à
épouser, hmmm? Allez, mon mignon, ne
tournons plus autour du pot et scellons dans la blancheur immaculée de notre
chair et la pureté impérissable de notre race l’alliance de nos formations
respectives, fusionnons – oui, pareils à deux entreprises accablées par la
distance qu’introduisent entre elles de vaines opérations boursières, fusionnons
au plus près, convergeons en toute intimité et qu’il en soit entre nous comme
le travail par la joie, la force par le fluide, la droite par le feu, mon cul
par le tien, ô tendre cousin… mon très
cher BAOURP!
La présidente rota. C’était le
signal que guettaient les quatre consanguins pour se jeter sur Pierre-Karl, lui
arracher ses loques et l’immobiliser au sol pendant que Marine laissait glisser
le dessous de soie sur ses cuisses de percheron.
La bite de Pierre-Karl battait la mesure tous azimuts, et c’est à un
ultime éclat de conscience qu’il dut de se rappeler de la promesse faite à
Françoise. Il gémit.
- Au nom du Parti québécois, je tiens… je tiens à dissocier formellement notre
formation politique et ses instances de toute activité ou rencontre avec des
représentants de ce parti dont le… de ce
parti dont la… de ce parti dont les tetons,
le cul et les proportions sont rrhhhaaaa lovely!!
Tout juste avant que le sexe de la présidente ne s’abatte de très haut
sur sa queue flageolante, Pierre-Karl distingua le motif pubien de la moustache
hitlérienne qui coiffait le sommet des grandes lèvres et la pointe des mamelons
scarifiée et redessinée selon le modèle de la svastika.
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