mercredi 21 novembre 2018

Antégrammes



Je te vois dans le revers oxydé de l'usine, le cul mêlé à la poussière de plâtre, une queue dans chaque main et la bouche pleine de malédictions socialistes pour le contremaître qui pissait le sang sur tes seins en faisant tourner ses promesses d'épileptique.

*

Le silence est une pute de même luxe que ton souffle rompu aux pieds d'une reine étanche, aveugle et exilée.

*

Lécher le cul d'une fille jusqu'à ce qu'elle se retourne et me dise, d'une voix infusée par la démence: *Encule-moi ou je te jure que je m'arrache la tête*.

*

Je suis le point zéro de l'expérience pornographique, le sous-produit mallarméen de Blanche Noire et des sept Neiges.

*

Cette sensation de cerise fuyante quand ton clitoris appuie sur le bout de ma langue.

*

Nue, conne et coulante, je me madame-edwardise en faisant le plein de queues au milieu d'un salon vidé de ses fonds de voyelles.

*

La presque sainte se passe un doigt et le ciel en bave de toutes ses ouvertures.  J'aime les roses accidentées au passage d'un soleil acide et improbable.

*

Je suis l'araignée, la toile et la proie.  Je me momifie puis me dévore à petites clartés entre un client qui veut que je l'épouse et un autre qui exige d'être sucé pendant que je chie. (J'avale son venin comme un caramel mou.)

*

Je suis un monstre et rien de ce qui est humain ne m'est familier.

*

Fut un temps où je lançais des bouteilles à la mer.  À présent, je largue des capsules dans l'espace.  J'ai ouvert mon naufrage aux pulsations d'un infini aphone et autophage.

*

Tu agonises, la tête coincée entre mes cuisses, tandis qu'une grappe de goélands éclate dans le ciel.  Je suis la barbare lumineuse que tu aimes à voix basse sur un lit de palmes noires et croustillantes.

*

J'ouvre ma messagerie à des envois de phallus qui affirment la brutalité de leur éclat ou le ridicule de leur effondrement, c'est selon.  La compétition est féroce: *branle-moi*, *non, moi*, *ma bite est sans rivale*...  Ces fantômes finiront tous la nuit dans un mouchoir.

*

Le client est parti.  Je l'ai fouetté aux petites heures du matin, je l'ai cinglé jusqu'à ce qu'il gicle sur la croix.  Puis j'ai vomi dans mes mains et le chat m'a regardé comme si je revenais bredouille de la chasse aux écureuils.

*

Des rues noires ponctuées par le bris des talons aiguilles et le chuintement des lèvres qui se détachent des queues.  (Je me pluralise pour échapper au monothéisme de son désir.)

*

J'écrase le système de mes roses sur ta bouche et j'ai toute ta nuit qui me monte aux veines.

*

Elle est bête, mais jolie.  En d'autres termes, sa gueule est moins contestable que son spaghetti.

*

J'aime bien ramener l'apocalypse à une échelle domestique.  Par exemple, détruire une chaise IKEA qui branle du boulon ou encore m'insinuer entre les rognures célestes comme une lame entre le liège, le verre et la chair.

*

Le coeur à l'eau, les sens surnagent.  J'ai passé la nuit à avaler le sperme d'un archange croisé par hasard à la sortie du métro.

*

Que reste-t-il de dieu le porc après sa pendaison si ce n'est le battement de sa très sainte queue, son jus séché sur ma cuisse et une trappe ouverte sur la terre étoilée?

*

La tête qui fume, les lèvres qui gonflent, le clitoris qui éclate.  (Je suis la drama queen du plaisir légionnaire.)

*

Je revendique la noirceur miraculée de celle qui appartient à un poème qui ne cicatrise pas.








dimanche 9 septembre 2018

Poèmes sans fond, 5


je règle ma nudité
sur le bris de son étoile et le manège des gyrophares 

je passe la langue sur le verre chauffant des ampoules
je compte les doigts
qui se retirent du cul de la barbie à demi décapitée
bavardant avec le fond des tiroirs
comme paris hilton
avec des restants de poltergeists

mes lèvres gonflaient sans crever au sommet de sa queue
pendant que le ciel aboyait en direction de la ville engloutie

je n'ai appelé personne par son nom personne
les communs et les propres
moi et mes emprunts de langue morte
des graffitis de cendre sur la toile d'un ciné-parc
adorés de nuit comme une sortie d'autoroute

je m'aimais
dans le court-circuit prolongé de ma main
disparue sous le poids
des choses qui avaient la même absence
que toi
quand le jour calcinait sa descente aux fenêtres
et que je fermais le visage des filles
sur le bord de ma bouche







mardi 14 août 2018

Le cabinet, 17.3 (Où le chien ne fait que passer)


Isabelle épongeait avec délicatesse le micropénis de Youri.  Il lui avait fallu une bonne dizaine de minutes pour démêler la petite pine flapie des poils de poche qui essaimaient au pourtour des couilles en une poussière d'étoile aussi fine et duveteuse que des cheveux de bébé.

--  Youri est joyeux.  Youri a fait le bon jouizu.  Mais maintenant, Youri pue du bat comme un militant de Greenpeace sur le CA d'Hydro-Québec.
--  Mon doux chéri, je te proposerais bien de passer à la douche, mais je crains que le gros ne soit encore coincé sur la bol.
--  Ha! Youri pense: le gros est un homme fini.  Ha! Youri pense aussi:  le temps est venu de tasser le gros dans la voie d'accotement et de revamper le parti dans le sens de la Lumière.
--  Quoi?  À un mois des élections??

Et tandis qu'Isabelle supputait les possibilités et revoyait en accéléré les faits saillants de la confrontation Fischer/Spassky lors du championnat mondial d'échecs de 1972, Milzola, dit le chien du voisin, éprouvait la pulsion obscure de rentrer chez lui après avoir renvoyé dans la roseraie.

(Youri touchait au but.  Après avoir passé une enfance dégueulasse dans les Laurentides, après avoir encaissé une multitude de bines sur l'épaule, gracieuseté des troglodytes qui déboulaient des montagnes pour se lancer le frisbee sur la plage municipale de Sainte-Agathe-des-Monts et spinner dans les chemins de terre du lac Pembina à bord de leurs 3 roues en chantant *Juste une autre brique dans le solage*, après avoir vu son père, tout frais sorti de prison, s'étouffer dans sa poutine extra sauce et éternuer son partiel entre les tetons fluorescents de Marina, danseuse unijambiste à La Cuillère à Pot, après avoir connu l'infamie de se retrouver seul et sans popcorn dans la salle de cinéma de Saint-Donat pour assister à l'unique représentation de La vie est belle trois ans après sa sortie en Europe, enfin -- enfin -- Youri touchait au but.  La lumière était venue à lui un soir de mars 2001 alors que sa mère pluchait les patates en lisant l'horoscope à voix haute.  Oui, la Lumière avait coulé de l'écran du téléviseur en un flux ininterrompu de chiffres et d'indicateurs économiques, et la Déesse lui avait parlé dans le dedans de sa tête: *Tu ne t'appelleras plus Marco Charette. Dorénavant, tu t'appelleras Youri, comme le Gagarine qui a poulet carbonisé dans son Mig-15, et de même que le cosmonaute russe fut le premier homme à voyager dans l'espace, de même, toi, tu ne voyageras nulle part, mais resteras planté là pour toujours à te pénétrer de mes paroles.  Sans joke, tu seras le cosmonaute de l'économie de marché, mon boytoy en quelque sorte; je t'enseignerai des vérités amères qui ne sont pas faites pour les toutounes macrameuses de Québec Solidaire, et quand j'en aurai fini avec toi, que j'aurai consumé ta capsule existentielle, que tu te seras parfaitement confondu à la Lumière, tu ne trouveras plus en toi la moindre trace de compassion pour ces saletés de pauvres qui font la file au kiosque Loto-Québec de la Place Bourassa.  En toi, il n'y aura plus ni amour, ni patience, ni tendresse, ni clinique sans rendez-vous.  Il n'y aura plus que Youri, et non loin de Youri, une bourgeoise qui suinte et un chien qui vomit.*)

(...)

lundi 13 août 2018

Le cabinet, 17.2 (Où on retrace les origines érofécales de F. L.)


Enculé par sa propre crotte, François évoluait à quatre pattes sur le plancher de la salle de bain.  Le boudin facétieux qui distendait les feuillets de son anus était aussi massif qu'un éclat de coccinelle entre les pattes d'une mante religieuse.  Le front appuyé contre la bonde glacée de la cuvette, François tenta de réfléchir, mais l'exercice lui était si peu familier qu'il loucha péniblement en direction des produits de beauté qu'Isabelle avait éparpillés plus tôt ce matin sur le comptoir du lavabo.

Glissant la main entre ses genoux cagneux, il s'extasia sur le tube de rouge à lèvres, à la recherche d'un point d'ancrage visuel qui eut pu le distraire le temps de refermer sa poigne sur le crottin récalcitrant et l'extirper petit à petit des profondeurs de son fondement.

(François conservait un souvenir très vif de ces soirées où sa mère le prenait sur ses genoux après lui avoir introduit un suppositoire dans le péteux.  Désespérant de pouvoir le consoler en lui montrant les jouets du catalogue Eaton, elle le claquait derrière la tête, déboutonnait sa chemise et lui enfonçait le sein dans la bouche.  Petit François aimait le goût des larmes salées qui fuyaient d'abondance entre les épines du mamelon poilu.  À la fois bandé et constipé, la trajectoire de la flèche qui lui coupait le ventre, et qui transitait de la pointe du pénis au sommet de la crotte incarcérée, lui donnait la sensation d'être une hypothénuse vivante dont la longueur égalait la jouissance approchée de la somme des jouissances de toutes les étoiles dans un rayon de trois mille mamans menstruées.)

Parvenu aux frontières interdites de la salle de bain, François eut tout juste le temps de murmurer une dernière fois le nom de la bien-aimée avant de perdre connaissance au milieu des cacannes de Febreze.  Au premier étage, Isabelle lapait les couilles du petit Chassin pendant que Milzola, le vieil épagneul du voisin, zignait à vide un fantôme de tibia dans la roseraie.

(...)




dimanche 12 août 2018

Le cabinet (feuilleton politique, 17.1) Spécial François Legault


Planté sur la bol depuis vingt minutes, son IPad en équilibre instable sur les genoux, François Legault ne trouvait rien à dire et encore moins à penser quand il prit connaissance des plus récents sondages indiquant une confortable avance de son parti dans les intentions de vote de l'électorat.  Si la pénible remontée des Libéraux pendant la saison estivale avait été un motif d'inquiétude, les derniers chiffres ne laissaient planer aucun doute: la CAQ reprenait du poil de la bête, et sauf impair majeur au cours des prochaines semaines, François était assuré de devenir le prochain premier ministre du Québec.

Coincée à mi-chemin entre son anus et le fond de la bol, la crotte avait une densité de pierre ponce, et François désespérait de la faire passer.  La situation n'était pas nouvelle.  Ses problèmes chroniques de constipation s'étaient même intensifiés depuis le début de la campagne, et tous les moyens classiques qu'il avait employés jusqu'ici -- lait de magnésium, jus de pruneau, suppositoires de force M7 extra-flatulentiels -- n'avaient servi à rien, si ce n'est à transformer son trou de pet en irruption volcanique inversée.  En fait, il n'y avait qu'une chose, et une seule, qui s'était révélée de quelque efficacité dans la situation...

--  Nisabeeeelle, Nisabeeeeeelle...

François ânonnait le nom de son épouse depuis la porte entrouverte de la salle de bain.  Le fait qu'elle le méprisât ouvertement, surtout depuis la déconfiture de la CAQ lors des élections du printemps 2014, n'avait introduit aucun éclaircissement notable dans la conception que François se faisait du monde et de lui-même.  En d'autres termes, il demeurait ontologiquement aussi crétin qu'il l'avait toujours été.  Qu'il ait pu, avec aussi peu de moyens, se hisser à la tête d'une formation politique telle que la CAQ, cela ne s'expliquait qu'en vertu de ce flair socio-affectif qu'il avait affûté au cours des années, et qui lui avait permis de nouer avec sa base militante des liens fondés sur des signifiants simples, permutables selon les circonstances et dont les combinaisons sémantiques gravitaient invariablement autour de l'épithète *vrai*: vrai monde, vrais enjeux, vraies affaires, etc.

--  Nisabeeeeelle... 
--  Quoi, calvaire?
--  Faut...  faut tu mettes la toune...  z'y arriverai pas sinon...

Dans la chambre à coucher attenante à la salle de bains, Isabelle enfilait des bas griffés de sa propre collection.  Voilà bien une heure qu'elle se matait le cul dans la psyché, indécise quant à la couleur des bas qui mettaient le mieux en valeur la chute des reins et la puissance des mollets.  Et l'autre qui ne comprenait rien à rien et qui persistait à requérir sa présence même lorsqu'il...

--  NIIISAAABEEEELLE!
--  Pounet coco, tu as le IPad avec toi, tu sais comment faire...  Tu n'as qu'à te loguer sur YouTube et te servir du moteur de recherche pour trouver la chanson...
--  Mais...  mais...  sur NouTube...  ze vois zuste des vidéyos de madames tunues...
--  J'ai dit: le moteur de recherche, pas l'historique de recherche.
--  Ostitabanak, ze touve pas la musique de Ocky Baboua!

Comme elle s'en voulait de lui avoir dit un jour qu'il était son Rocky, et elle, son Adrian...  Elle pénétra dans la salle de bain en faisant claquer ses talons, lui arracha le IPad des mains et le brancha sur le vidéo laxatif qu'il réclamait, celui où on voit Sylvester Stallone gravir les marches de l'hôtel de ville sur la musique de Gonna Fly Now.

--  Bon, mon pounet est content, là?
--  Meeciii...  Ta-ta-ta-tatata-tatataaaaa...  Egad, Nisabelle, c'est Ocky Baboua quand y monte les nescaliers!

L'odeur était positivement écoeurante.  Elle courut dans la chambre, fit claquer la porte derrière elle et se versa aussitôt un verre de scotch qu'elle avala d'une traite.  Elle était à bout.  Et puis Rocky pouvait crever dans les chiottes.  Au fond, c'est bien plus à Mister T qu'elle pensait quand elle enfonçait ses doigts de pianiste dans sa petite noune compliquée en forme d'escargot.  

Elle en était encore à se dandiner devant la psychè, à demi-nue, quand on sonna à la porte.  Elle enfila sa robe de chambre à toute vitesse.  Plus le temps de me raser le dessus des orteils, pensa-t-elle, alors qu'elle se ruait dans les escaliers et qu'elle sentait la pointe de ses seins se raidir sous le tissu de la nuisette.  Elle eut tout juste le temps d'ouvrir la porte que le petit Chassin se jetait sur elle.

--  Youri est laid. Youri est intelligent.  Youri a son diplôme en sciences économiques.  Youri aime ça les cougars avec des tetons qui font tchouip-tchouip quand on pèse dessus...
--  Petite ordure, je le sais trop bien...  l'autre débile a en encore pour une heure à pondre sa crotte...  on a tout notre temps... alors ligote-moi et lis-moi des passages du Manifeste pour un Québec lucide...

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(À suivre)

mercredi 1 août 2018

L'art, l'exil et le collectif


Tu vas hurler et t'envenimer juste ce qu'il faut pour te rappeler que l'art est le Non premier.  Que tu n'as pas à débattre, justifier, excuser.

Si tu crées, tu n'appartiens à personne et tu coïncides sans reste avec le droit de tout dire, de tout montrer.

Dès que tu cesses de créer, tu cesses de t'appartenir.  Tu appartiens à ton travail, à tes glandes, à ton fric, à ta peur, à tes enfants, à ta pute, à tes éboulements.  Mais tu ne t'appartiens pas.

Tu ne t'appartiens qu'à l'instant de créer, quand le vertige est ta chose.  Tu ne t'appartiens qu'au moment où l'exil est le tien et celui de nul autre.

(Si, à l'instant de créer, tu doutes avoir le droit de dire ou de montrer tel que cela se dit et se montre à toi, si tu te chies dessus, si tu modères le sens de ta rage par égard pour le collectif (ses privilèges bovins, sa reconnaissance négociée, ses bontés gluantes, ses subventions surveillées), tu imposes à ton exil une station impossible.  Tu abdiques.  Tu renonces au désert.  C'est ton droit et tu te dégoûtes un peu de le revendiquer si mollement.)

*

Tu parcours d'un oeil vitreux les grands titres de l'actualité en te désolant que ce ne soit pas encore la guerre.

Tu apprends qu'un homme de théâtre admet une possible erreur de jugement.  Tu entends le bruit de ses couilles qui roulent dans le caniveau.

De loin, tu reçois la rumeur croissante de toutes ces protestations, de tous ces cris.  Le collectif hystérique qui te reproche de ne pas lui appartenir assez.  Tu comprends alors que l'appropriation consiste dans la revendication forcenée de ton exil, et rien d'autre.  Ce n'est pas toi qui t'appropries ce qui n'est la propriété de personne (par définition), ce sont eux qui te réquisitionnent et qui te disent: justifie, explique, excuse, recule.

(Au sommet de la transparence, tu peux encore souhaiter que la guerre arrive enfin, et que tous les ennemis de l'exil soient réappropriés à l'intérieur d'un seul et unique camp de travail forcé.  Tu ne doutes pas un seul instant qu'ils seraient bien plus utiles à casser les cailloux de leur ressentiment qu'à émettre leur opinion débilitante sur des choses dont ils n'ont, bien en profondeur, rien à chier.)

*

Ta noirceur est un guide plus sûr que les convulsions du collectif.

Tu es seul en terre de chiens lâchés.

Ne confie ton exil à personne.








dimanche 6 mai 2018

Poèmes sans fond, 4


Elle s'appelait quelque chose
décapsulait le cyclope
énucléait son cauchemar en criant
à travers la petite culotte enfoncée dans sa bouche à l'instant
où elle (vous savez bien) recevait la seule négation disponible dans un rayon de trois cents valets de coeur

elle approuvait le roulement des visages
la crevaison des fleurs entre deux essaims de lumière
les lèvres noires, tuméfiées par le diamant inférieur
un infini de putes éblouissantes et bien administrées
l'opéra épars et les talons sciés
de Shae Guevara à la sortie du Linen Chest

mardi 6 mars 2018

Foürre Elise (poèmes sans fond, 3)


Personne ne comprenait ce qu'elle disait quand elle expulsait le ciel par le trou de ses palettes absentes

elle avait deux chats
cobayne et betouvune -- que l'aube refoulait des territoires non cédés en direction des guimauves de couleurs et des feux de selfie

facebook était bleu comme son bébé mort dans le métro

un barbu qui l'attendait à l'entrée de tous les dépanneurs de l'est de la ville lui parlait souvent de la fracture végétale des gommes entre les pylones

les syllabes de l'amour abrégé
les cuisses confuses et le mauve enivrant du matin quand elle se relevait, criait, ne criait plus 
grattait le carton du dernier rouleau de papier avec une patience de parkinsonien

elle revoyait la poutine ardente aux lèvres de la petite aveugle qui roulait les joints de son père dans le noir avant de prendre la 45 pour se rendre à l'étoile

aux nouvelles du soir
elle apprit la mort du pimp socialiste qu'elle avait sucé modérément pour ne pas finir les chevilles dans la balançoire d'une famille d'accueil.