jeudi 10 décembre 2015

Le cabinet (feuilleton politique, 6)



Justin s’affolait.  La nouvelle de la venue de sa femme le précipitait dans un tel état de transe qu’il ne savait plus de quel côté retourner Mélanie, par quel orifice la pénétrer, à quelle petite splendeur inondée de pisse éjaculer.

- Quasithomas.
- Vvvvmm?
- Range ta queue, trouve un téléphone, appelle nos amis de Québec et dis-leur que nous leur demandons l’asile érotique.

Accroupi au centre de la pièce, Harjit s’épuisait à refaire et reparfaire le cercle de marde.  Il s’agissait à présent de nettoyer tout ça.  

(Des ordres, des ordres, des ordres, son père n’a jamais prévenu Justin que la politique s’épuisait le plus souvent à donner des ordres, fussent-ils performés sur le ton de la camaraderie complice la plus abjecte.  Or les seuls ordres que Justin avait réussi à communiquer sans ambiguïté depuis son accession au pouvoir se réduisaient à suce, crache, aweye, plus vite et avale.  Cela lui avait certes permis de remporter les élections, mais était-ce encore suffisant pour diriger un parti?  La question était pertinente d’un point de vue philosophique : à supposer, comme le croyait Marx, que la culture d’une société soit déterminée par son infrastructure économique, n’était-il pas évident que l’infrastructure elle-même demeurait clandestinement déterminée par la libidostructure?  À titre d’exemple, l’idéologie du libre échange était-elle autre chose que la sublimation économique d’une volonté de gangbang généralisé qui aurait pu se cristalliser jadis dans les plaines ancestrales de l’Afrique ou dans les neiges primitives de la Chine du Nord, voire dans une station-service de East Angus au tournant des années 60, etc.?)

La porte du bureau s’ouvrit avec fracas, et Sophie fit irruption dans la pièce.

- Ah c’est donc là que tu te cachais!
- Doudoune!
- Don’t Doudoune me!  Regarde!  Regarde un peu ce que j’ai trouvé dans les escaliers du Parlement!

Sophie tenait au creux de sa main une petite dégueulasserie toute rose qui se tortillait en couinant et qui évoquait un chiot nouveau-né s'initiant à l'auto-affection dans les ténèbres les plus complètes.

- C’est à qui, cet anus-là, han, c’est à qui?

D’instinct, tout le monde se couvrit les fesses des deux mains (sauf Jean dont le cul était demeuré par terre tout ce temps et qui enchaînait à vide les gnevoulezvous-gnevoulezvous).

- Tu te penses fin?

Sophie marcha en direction de Justin, et au moment où il crut qu’elle allait le frapper ou lui cracher à la figure, elle s’empara de Mélanie toute nue et, d’une main, la contraignit à ouvrir la bouche pendant que de l’autre, elle branlait Justin. Elle le branla jusqu’à ce que sa queue atteigne le seuil d'abrutissement désiré, puis, avec d'infinies précautions, elle enfonça la queue de Justin dans la bouche de Mélanie.

- Combien de fois je te l’ai dit : quand tu couches avec une secrétaire pis que tu y mets ton pinisse dans le cul, faut tu finisses avec la fellotion, que tu y enfonces toute la patente dans le gorgoton pis que tu swignes dedans, swigne-swigne-swigne, frotte-frotte-frotte, pour ton pinisse y soit tout propre à la sortie.

Toujours posté à la fenêtre, Stéphane observait les réfugiés syriens désormais refoulés par les troupes de Donald Dump qui avaient franchi la frontière canadienne plus tôt en après-midi : on les reconnaissait de loin à leurs drapeaux confédérés et aux légions d’enfants obèses qui roulaient massivement à bas de la colline parlementaire sans jamais parvenir à en atteindre le sommet.

- Mon amour, dit Justin, qu’est-ce que je deviendrais sans toi?
- Aweye, aweye, j’ai pas que ça à faire…

Timidement, Quasithomas contourna le trio de choc et murmura à l’oreille de Justin :

- Philippe Couillarrrrd dit c’est ok pourrr l’asile érrrrotique.  Ils zont tous au parrrrty de burrreau, on les rrrrejoint là-bas.
- Parfait, répondit Justin à voix basse tandis que les anneaux de la trachée de Mélanie se resserraient ignoblement autour de sa queue.  Fais chauffer les dildos, dis à Harjit qu’il a assez chié, appelle le chauffeur de la limousine, replace l’anus de Stéphane, ramasse Jean, que tout le monde soit prêt dans quinze minutes.  Psst!  Pas un mot à Sophie à propos de la carte-cadeau du 281 que je lui ai achetée pour Noël… 

   


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