Lorsque Justin fit irruption dans
la brasserie ministérielle du boulevard Saint-Jean, Philippe C. se précipita à
sa rencontre et lui donna une chaleureuse accolade.
- C’est cool tu sois venu! Yo, t’as amené ta gang! Téphane, Zean, Quasitom, Élanie! Entez, entez!
La ville de Québec est fière de vous offir l’asile éotique, pis en plus,
on est en plein party de buueau. Entez, nnez
vous-en!
Philippe était ivre et nu : une
branche de sapin garnie de boules de Naël pétées lui ceignait la taille, et une
boucle dorée avait été ficelée au bout de son gland. Lorsqu’il aperçut Harjit, Philippe prit
Justin à part.
- C’est qui, l’hindou?
- Harjit? Un
homme sûr et qui ne chie que là où il se doit.
Sois sans crainte, je réponds de lui.
- Ok, c’est zuste que… le maire Bapoume est là… pis Dzeff Fillion pis Issard Matineau… Z’avais poutant dit à Lucienne : pas de
aacistes à mon party de buueau, mais tsé comment c’est à Kebak…
- Je vois, je vois… Mais ces gens que tu viens de me nommer, ne
sont-ce pas des mangeux de marde?
- Quand même.
- Dans ce cas, je suis certain que Harjit saura se
concilier leurs bonnes grâces.
À cette heure avancée de la nuit,
les gens avaient déjà fini de manger depuis longtemps. Les tables avaient été refoulées le long des
murs, et le centre de la salle, infiniment dégagé, était un X + X + X = XXX de
bois franc ouvert à tous les glissements de l’infamie la plus gaie.
Martin C. gisait à quatre pattes, non loin du sapin de
Naël : sur son corps nu, on avait fixé une multitudes de godemichés qui
pointaient dans toutes les directions; des dildos de toutes dimensions et de
toutes les couleurs s’élevaient de son cul, de son front, de ses épaules, de
ses omoplates, etc. Ses yeux fous et
larmoyants s’extasiaient à vide sous le sapin, et ses cris de fouine piégée étaient
étouffés par la boule chinoise qu’on lui avait enfoncée dans la bouche,
- Lol, tonnait Philippe, on a faite le tiraze pour
la pute de Naël! C’est tombé sur Maatin! Enwoyez le igodon! C’est le temps la ssaize musicale!
Sur un air de fête qui pouvait
rappeler quelque succès de La Bottine
Souriante, la piste fut aussitôt prise d’assaut par des hordes de vieillards
croulants, nus, à moitié nus, aux trois quarts nus, qui se mirent à faire la
ronde autour de Martin C. en avisant du coin de l’œil le dildo le plus susceptible
de relever le défi de leur derrière en furie.
Dès l’arrêt de la musique, tous se précipitèrent, et Martin C. fut
enseveli sous une lente avalanche de corps poudreux qui roulèrent les uns sur
les autres, comme en un ralenti de négativité sans emploi.
(Martin C. devait bientôt perdre connaissance. Mais juste avant de sombrer, il eut la
nostalgie la plus grande des heures où il se risquait dangereusement sur
Internet, peaufinant son palmarès des ruts les plus effarants du règne animal,
tirant un plaisir variable mais toujours épuisant de la question de savoir si,
au final, l’accouplement du rhinocéros, qui avait toujours occupé la huitième
place, ne devait pas le céder à la copulation éclair des mouches en plein vol, laquelle
gagnait du galon dans la pyramide depuis mars 2013, bien qu’il éprouvât
certains scrupules à lui faire passer le cap de la onzième place depuis qu’il
avait été confronté à la violence onaniste que les fourmis rouges africaines
peuvent déployer en période de récession spécifique, etc.)
Lucienne R., s’en tirait avec les
grands honneurs de la chaise musicale : on estima que son cul à lui seul
avait engouffré quatre dildos dans le carambolage.
Justin savait qu’il arrivait trop
tard. Il se pencha vers Mélanie.
- Mon amour.
- Oui, toutou.
- Va voir Philippe et demande-lui de nous réserver
une suite à l’hôtel Frontenac. Demain,
nous aviserons…
- Mais j’a pas encore vu le Père Naël! J’a veux voir le Père Naël, bon!
- Le Père Naël?
Mélanie lui pointa du doigt l’immense
chaise sur laquelle on avait installé Gaétan B.
On lui avait foutu un bonnet et une barbe blanche, sans plus. Sa bedaine dénudée ruisselait de ketchup
maison. Vacillants sur son genou gauche,
Jeff Fillion et Richard Martineau se frenchaient à l’infini.
Seul dans son coin, sa bouteille
de Molson à la main, Éric Duhaime regardait tout ça d’un œil vitreux et ne
faisait absolument rien.
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