Je rêve souvent de déposer mon cœur à tes pieds
Là dignement avec des mains propres et pures
Sans salir tes escarpins de soie ni le plancher
Mais c’est si dur à sortir et si dur
De te voir là devant moi qui attends
Tu toussotes et clignes un peu des yeux
Te mords un ongle et replaces tes cheveux
Tu soupires mais à peine mon amour
Pendant que je pleurniche et renifle
Le parfum aigre de mon impuissance
Alors comme tu aimes venir à mon aide
Ta main gauche chassant mes larmes
Ta main droite ornée du plus joli des canifs
Et tes yeux dans les miens tu procèdes soudain
À l’extraction la plus exquise
Ta petite lame travaille avec des précautions extrêmes
Sans désespérer malgré les éclats d’os et le sang
Et finalement il est là bien là à tes pieds
Mais c’est une brique ce cœur une brique
Avec un nez de clown cloué dessus
Tu pouffes alors de rire et ramasses la chose
Te poses la boule rouge au milieu de ta sainte face
Me rentres de force la brique dans la bouche
Comme un nègre surmembré défonce une pudeur
Et me chuchote à l’oreille un poème d’Anne Hébert.
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