mercredi 23 décembre 2015

Le cabinet (feuilleton politique, 7.2.1.3.0)


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Sophie sécha une bonne partie de la soirée dans le hall du Château Frontenac, elle attendit en vain le retour de Justin et s’enivra assez brutalement au bar jusqu'au moment où elle nota la présence de deux femmes dont les lunettes fumées lui disaient quelque chose.

Attablées dans un coin peu éclairé du bar, les deux femmes ressemblaient à s'y méprendre à Sophie Durocher et Julie Snyder.  À ce point du récit, le récit lui-même ne peut rien confirmer, mais cela viendra bien assez vite.

Voyez plutôt.

Sophie Durocher et Julie Snyder, attablées dans un coin, n’avaient plus rien à se dire.  Elles s’étaient depuis longtemps confié l’une à l’autre, elles avaient épuisé le champ du dicible, elles étaient allées au bout de la parole et ne savaient plus trop comment en revenir, de sorte qu’elles avaient commencé à jouer du pied sous la table, d’abord assez timidement, puis de manière de plus en plus indécente, comme en témoignaient le désordre des escarpins et la faille croissante des bas nylons.  Les choses devaient s’arrêter là ou s’aggraver ailleurs, les deux femmes se trouvaient à la croisée des chemins, et la question était de savoir s’il fallait rebrousser en solo celui qu’elles venaient d’emprunter ou débroussailler à deux celui qui s’annonçait comme le plus chaud chemin de la plus étroite solitude.

Sophie (pas Durocher, l’autre) ne doutait plus qu’il s’agissait bel et bien de Sophie (pas Grégoire, l’autre) et de Julie.  Elle comprit que ces femmes remarquables -- que l’alcool et le ressentiment rendaient encore plus sales, plus belles et plus désirables – étaient sur le point de mettre un terme à leur cocuage politique et de basculer dans la communauté des langues qui coulent des culs et claquent entre les cuisses.

Sophie (à ne pas confondre avec l’autre) remarqua que le gros orteil de Sophie (à ne pas confondre avec la même) émergeait d’une brèche et s’immisçait dans la déchirure du bas nylon de Julie, tout juste à la jonction de la cuisse et du slip, et que ce gros orteil se contorsionnait de manière à élargir la maille et à se frayer un passage jusqu’à la noune noyée de Julie.

Sophie (on jase, là) cala le dernier shooter, l’abattit d’un coup sec sur le comptoir, traversa le bar, se planta à côté des deux femmes et dit :

- Mesdames, je me présente : Sophie G., la conjointe de chose.  J’ai réservé la suite la plus luxueuse de tout le Château.  Si vous voulez bien m’accompagner, c’est bar open pour toute la nuit.
- Hmmm, et j’imagine qu’on va se dire les vraies affaires, demanda Sophie (l’autre)?
- Mieux que ça, on va les brasser.
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………(ascenseurs, rires, couloirs, chasse d’eau tirée dans le lointain, rot bruyant, rires encore, trousseau de clefs et ainsi de suite de selfie en selfie jusqu’à la suite 809)……………………………….......................................................................

…………………………………les poignets ficelés à la tête du lit de cerisier, Julie avait l’impression de mordre dans une étoile vivante : les pétales de la noune de Sophie D. lui coulaient jusque dans le nez et Julie battait si fort de la langue que s’il avait fallu, à cet instant précis, qu’on lui demande de prononcer le mot «anticonstitutionnellement», un auditeur dont l’oreille eut été rivée aux lèvres de Julie n’aurait sans doute perçu que le mot «fuck» répété au moins six fois de suite.  Plus vraisemblablement, l’oreille de cet auditeur aurait été léchée, mordue et avalée comme tout le reste.

Les mains posées à plat sur le mur, les genoux enfoncés dans le matelas, Sophie D. ramait de la chatte dans la face de Julie et offrait son petit cul osseux aux claques assourdissantes que Sophie G. lui administrait, bien qu’une fois sur deux, les coups de Sophie G. rataient la cible, et deux fois sur trois fendaient l’air de telle sorte que trois fois sur quatre, elle s’étalait de tout son long sur le tapis persan, ne se rappelant de qui elle était que zéro fois sur zéro.

Le clitoris de Julie était bandé à un point tel qu’elle aurait voulu qu’il explose, qu’il s’expulse du fond de ses roses crevées et perfore une toile du Titien – la fraise de ses seins pointait de même, toutes ses extrémités chauffaient à se fondre en un poème jurassique, sa peau prenait la folie de partout : à la fin, dans le chiasme achevé du corps et de l’esprit, elle caressait la pointe de ses seins entre ses cuisses et torturait le bouton de son clitoris au bout de ses seins.

En d’autres mots, elle ne pensait plus vraiment à la robe qu’elle allait porter au prochain Gala MetroStar.

Cette nuit-là, les trois femmes scellèrent une alliance en circuit fermé.  Sur leurs seins petits, moyens et très gros, l’alcool et le jus de sexe avaient brûlé, les vulves épineuses étaient passées, les langues avaient frétillé jusqu’à ce que l'aurore les inonde toutes trois d’une jouissance acide et sans pardon.

Dépourvu de toute fonction érotique, le bar payant ressemblait à un coffre-fort éventré.

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